Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé jeudi comme prévu la fin de la mission de ses observateurs militaires en Syrie, tandis que la Russie appelait à une réunion du groupe d'action sur ce pays pour demander l'arrêt des violences à une date précise.

La mission de supervision des Nations Unies en Syrie (Misnus), déployée en avril pour faciliter un cessez-le-feu qui ne s'est jamais concrétisé, se terminera «dimanche à minuit», a déclaré à la presse Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, après une réunion des 15 membres du Conseil.

«La constatation générale a été que les conditions n'étaient pas remplies pour la poursuite de cette mission» a indiqué l'ambassadeur de France à l'ONU Gérard Araud.

L'ambassadeur, qui préside le conseil en août, a cependant ajouté qu'il existait «une volonté consensuelle du Conseil de maintenir une présence des Nations unies à Damas» après la fin de la Misnus, sous forme d'un bureau de liaison. Celui-ci sera chargé de soutenir les efforts de celui qui remplacera Kofi Annan comme médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie.

M. Annan doit quitter ses fonctions le 31 août. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, cherchait toujours jeudi à convaincre le successeur pressenti de M. Annan, l'Algérien Lakhdar Brahimi.

Ce bureau de liaison sera constitué d'«un petit groupe» de probablement 20 à 30 experts politiques, humanitaires et militaires, a précisé M. Mulet, ajoutant qu'il ne savait pas encore qui en serait le responsable, mais que le gouvernement syrien avait donné son accord à sa mise en place.

La Misnus, établie au départ pour 90 jours puis prorogée de 30 jours, comprenait à l'origine quelque 300 militaires non armés et 121 civils. Mais ses effectifs avaient été progressivement réduits en raison de l'intensification des combats et ses patrouilles avaient été suspendues mi-juin.

Ils n'étaient plus jeudi que 101 militaires et 72 civils, selon M. Mulet qui a précisé que le dernier observateur militaire quitterait la Syrie le 24 août.

Après la réunion du Conseil, la Russie, qui a regretté la fin de la Misnus, a demandé que les grandes puissances lancent avec l'Arabie saoudite et l'Iran un appel au gouvernement syrien et à l'opposition pour qu'ils mettent «fin à la violence le plus tôt possible».

Devant la presse, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a demandé une rencontre vendredi à New York du groupe d'action international sur la Syrie, pour discuter de cette proposition qui devrait selon lui «demander à toutes les parties de mettre un terme à la violence et préciser le moment spécifique (...) où cela devra se produire».

La Russie ayant, avec la Chine, opposé son veto à trois résolutions de l'ONU sur la Syrie, le département d'État s'est montré sceptique sur cette rencontre.

«Franchement, nous ne sommes pas sûrs d'en comprendre le but», a expliqué sa porte-parole Victoria Nuland, estimant inutile d'«avoir des réunions pour avoir des réunions».

Le bilan ne cesse de s'alourdir en Syrie. En 17 mois de conflit, plus de 23 000 personnes ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Et combats et bombardements ont continué à faire rage jeudi, après la suspension de la Syrie de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), les États musulmans condamnant la poursuite de violences qui suscitent la crainte d'une propagation au Liban voisin.