Un commandant de police entendu mercredi au procès de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak au Caire a été inculpé en pleine audience pour «faux témoignage» au profit de l'accusé, a déclaré le parquet dans la salle.

Le commandant Mohamed Abdel Hakim est accusé d'avoir fait un «faux témoignage favorable aux accusés», au premier rang desquels figure l'ancien chef d'État, a déclaré un procureur, Mostafa Souleimane.

Le procureur l'a accusé d'avoir déclaré à l'audience que trois unités anti-émeute déployées le 28 janvier au Caire face au soulèvement populaire n'étaient équipées que de munitions à blanc et de grenades lacrymogènes, alors que durant l'enquête il avait aussi fait état de munitions de chasse mortelles.

Ces premières déclarations avaient servi de base pour inculper M. Moubarak et son ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli, pour le meurtre de manifestants lors de la révolte, a-t-il ajouté.

Cette mise en cause d'un commandant fait suite à plusieurs témoignages de gradés de la police favorables à M. Moubarak et à son ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli, jugé en même temps que lui.

Ces témoignages n'ont pas permis d'étayer les accusations selon lesquelles MM. Moubarak et Adli seraient impliqués dans des ordres de faire feu avec des munitions mortelles.

Les avocats des familles des victimes de la répression ont vivement dénoncé ces derniers jours le fait que les témoins supposés «à charge» convoqués par le parquet soient de fait devenus «à décharge».

Certains avocats ont mis en doute la sincérité des dépositions à la barre du tribunal faites par des policiers encore en fonction.

Quelque 850 personnes ont été tuées durant l'insurrection qui a abouti le 11 février à la démission de M. Moubarak.

L'audience de mercredi, entamée en milieu de matinée, est la quatrième du procès de M. Moubarak qui a débuté le 3 août. Comme lors des séances précédentes, le président déchu, 83 ans et hospitalisé, a comparu allongé sur une civière.

Les deux fils de l'ancien chef d'État, Alaa et Gamal, sont jugés en même temps que lui pour des accusations de corruption.

Les avocats des familles de victimes ont par ailleurs demandé mercredi la comparution de plusieurs hautes personnalités en tant que témoins, notamment le chef du conseil militaire aujourd'hui au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, et l'épouse de M. Moubarak, Suzanne.

M. Moubarak est le premier dirigeant renversé par les révoltes qui secouent le monde arabe depuis décembre dernier à comparaître en personne devant la justice.