La France va proposer «dans les semaines qui viennent» l'organisation d'une «conférence des amis de la Libye» afin d'y préparer la transition politique dans le pays, annonce Nicolas Sarkozy dans un entretien à paraître mercredi dans l'hebdomadaire L'Express.

«La France prendra dans les semaines qui viennent l'initiative d'une grande conférence des amis de la Libye pour construire l'avenir de ce pays», annonce M. Sarkozy dans cet entretien de huit pages accordé à la veille du 4e anniversaire de son élection à la présidence française le 6 mai 2007.

Le chef de l'État n'a pas précisé où et à quelle date il souhaitait qu'ait lieu cette réunion politique.

La conférence doit réunir «toutes (les) composantes politiques» du pays, «y compris s'il le faut des membres issus du régime de Kadhafi, à condition qu'ils aient rompu avec lui et qu'ils n'aient pas de sang sur les mains», poursuit-il, «si nous voulons isoler Kadhafi et accélérer les ralliements au CNT (conseil national de transition) il faudra faire preuve d'ouverture».

Un mois et demi après les premières frappes de la coalition sur la Libye, Nicolas Sarkozy estime que la situation «s'améliore sur le front militaire» et qu'une solution politique «doit être l'affaire de quelques mois».

Le CNT «est mieux organisé et la violence sauvage des séides de Kadhafi ne leur permet plus de progresser», juge-t-il, «seul le climat de terreur qui règne à Tripoli, avec des mercenaires snipers sur les toits, empêche la ville de se révolter».

Le président de la République justifie également la multiplication récente des frappes aériennes, estimant que «c'est la seule façon de contraindre Kadhafi à faire rentrer ses soldats dans les casernes» et «d'obtenir une véritable négociation politique et diplomatique». «Il n'y a pas encore de succès en Libye. Le succès, ce sera quand les Libyens auront la liberté de choisir leur avenir», estime-t-il.

Nicolas Sarkozy dément par ailleurs dans L'Express toute intention de la coalition d'éliminer physiquement le colonel Mouammar Kadhafi, qu'il a appelé à plusieurs reprises à quitter le pouvoir, ainsi qu'a pu le laisser penser le bombardement le week-end dernier d'un de ses palais.

«Les démocraties ne peuvent agir ainsi», fait-il valoir, «c'est un centre de commandement qui a été frappé, pas un homme».

Interrogé sur les critiques qui ont accompagné le rôle prêté à l'écrivain Bernard-Henri Lévy - qui s'est rendu plusieurs fois dans l'Est libyen et a plaidé en faveur de la reconnaissance du CNT - dans l'engagement français en Libye, M. Sarkozy assure qu'il «n'est pas (son) porte-parole».

«C'est salutaire et c'est à l'honneur de la France d'avoir des intellectuels qui s'engagent. Ils ne dirigent pas pour autant notre politique étrangère», rappelle-t-il, «Bernard-Henri Lévy est allé en Libye et a amené les dirigeants rebelles à Paris: je m'en réjouis».