Londres a annoncé mardi l'envoi de conseillers militaires auprès de la résistance libyenne, excluant cependant, à l'instar de Paris qui participe aussi aux frappes aériennes en Libye, d'envoyer des forces au sol comme le réclament les opposants au régime du colonel Mouammar Kadhafi.

«Au total, il y aura moins de 20 militaires» britanniques, a annoncé un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, sans spécifier «pour des raisons de sécurité» la date précise à laquelle l'équipe sera envoyée à Benghazi, fief des rebelles.

Son rôle sera de «conseiller» le Conseil national de transition (CNT), qui rassemble l'opposition au colonel Kadhafi, «sur la façon d'améliorer ses structures d'organisation militaires, ses communications et sa logistique, ainsi que sur les meilleurs moyens de distribuer l'aide humanitaire et l'assistance médicale», a précisé le ministère.

Le CNT «manque clairement d'expérience dans l'organisation, et nous pensons qu'avec l'expérience (que les conseillers britanniques lui apporteront), il pourra sauver des vies à Ajdabiya, peut-être à Misrata», ville assiégée depuis des semaines par les forces loyales au colonel Kadhafi, a expliqué le chef de la diplomatie britannique, William Hague, sur BBC.

Il a aussi insisté sur le fait que l'envoi de ces conseillers militaires se faisait dans le strict cadre de la résolution 1973 des Nations unies, qui a autorisé les frappes aériennes en Libye - essentiellement opérées par les Britanniques, les Français et les Américains - pour protéger les civils.

«Il n'y a pas de soldats (britanniques) sur le terrain, ce ne sont pas des forces de combat britanniques qui partent (...). Il n'y aura pas d'invasion terrestre de la Libye», a affirmé M. Hague.

Ces conseillers militaires «ne sont pas là-bas - j'insiste - pour entraîner des forces, armer des forces ou prendre part à des combats», a-t-il ajouté.

Quelques heures après l'annonce de Londres, les rebelles de Misrata ont cependant formellement demandé l'intervention au sol de troupes françaises et britanniques pour assurer leur protection.

«S'ils ne viennent pas, nous allons mourir», a affirmé un responsable des rebelles qui contrôlent cette ville, Nouri Abdallah Abdoullati.

Peu avant l'appel, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est déclaré «tout à fait hostile» à l'envoi de militaires en Libye, alors que la France, comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis, est fortement impliquée sur un autre terrain de guerre, l'Afghanistan.

M. Juppé rejetait ainsi une proposition faite lundi par le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Axel Poniatowski, d'envoyer des forces spéciales au sol en Libye pour éviter l'«enlisement».

La France a par ailleurs annoncé mardi, par la voix de son Premier ministre François Fillon à Kiev, qu'elle allait «intensifier» ses frappes aériennes en Libye, tout en appelant à une «solution politique» au conflit dans ce pays, en proie à une contestation populaire sans précédent contre le président Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans.

L'opération de la coalition internationale, sous commandement de l'Otan, est aujourd'hui menacée de s'embourber, suscitant des débats au sein de l'Alliance sur la nécessité d'intensifier les frappes ou sur la fourniture d'armes aux rebelles.