Chaque période de crise en Belgique entraîne son lot de spéculations dans les médias français.

Bien que le scénario constitue de la «science-fiction» au dire du politologue flamand Kris Deschouwer, une chaîne publique française a récemment évoqué, cartes colorées à l'appui, l'intégration de la Wallonie à la France et celle de la Flandre aux Pays-Bas.

Le député d'inspiration gaulliste Nicolas Dupont-Aignan prend cette possibilité au sérieux et presse Paris de se préparer à toute éventualité: «Face à la décomposition de la Belgique, il faut que la France se tienne effectivement prête à accueillir les Wallons s'ils le désirent», a souligné récemment l'élu français, qui évoque la «communauté d'esprit» entre ses compatriotes et les francophones belges.

Le gouvernement français, tout en insistant publiquement sur son attachement à «l'unité de la Belgique», suit de près les tractations en cours à Bruxelles. Il y a quelques jours, un site internet a fait état d'une réunion «discrète, voire secrète» sur l'avenir du pays, qui avait eu lieu en juillet aux bureaux du secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche.

La rencontre, à laquelle ont participé diplomates et spécialistes, était de «nature technique» et s'inscrivait dans le cadre d'échanges réguliers, a fait valoir le Ministère au quotidien Le Monde.

La dégradation de la situation politique belge n'est pas pour déplaire à Paul-Henry Gendebien, homme politique wallon qui milite depuis plusieurs années pour le rattachement de la Wallonie à la France: «Pour l'heure, le principe est toujours le même: non-indifférence, non-ingérence... Mais la France ne pourra pas rester silencieuse et immobile devant une demande de rattachement.»

Les partis francophones, qui évoquent depuis peu un «plan B» en cas d'éclatement du pays, parlent de créer un État qui regrouperait la Wallonie et Bruxelles. Mais la viabilité financière d'un tel «État-confetti» serait difficile à assurer, et les Wallons se tourneraient rapidement vers la France, croit M. Gendebien, qui juge inexorable, à terme, l'éclatement de la Belgique.

«C'est un long fleuve pas tranquille qui prend du temps à se déverser dans le néant. Mais le jour viendra», dit-il.