Barack Obama connaîtra sans doute des journées plus sombres d'ici la fin de sa présidence, mais celle d'hier est sans contredit la plus difficile depuis son arrivée à la Maison-Blanche.

En l'espace de quelques heures, deux personnes auxquelles il avait confié des postes clés ont renoncé à leurs fonctions en raison de leurs démêlés avec le fisc. La perte la plus importante sur le plan politique est celle du secrétaire désigné à la Santé, Tom Daschle.

Lundi, le président Obama avait réitéré sa confiance «absolue» en cet ancien sénateur du Dakota-du-Sud, après que celui-ci eut présenté des excuses pour quelque 120 000$ d'impôts impayés.

Or, les deux hommes ont continué à essuyer des critiques hier, la page éditoriale du New York Times exhortant notamment Tom Daschle à renoncer à son poste.

Après le désistement de l'ex-sénateur, Barack Obama a fait son mea-culpa lors d'une série d'entrevues télévisées, employant des mots que les Américains n'ont pas entendus souvent, sinon jamais, dans la bouche de son prédécesseur.

«Je pense que cela a été une erreur, a-t-il déclaré sur CNN. J'ai foiré. J'en prends la responsabilité et nous allons faire en sorte de régler le problème pour être sûrs que cela ne se reproduira pas.»

Tom Daschle a, de son côté, justifié son désistement en invoquant l'éditorial du New York Times, qui mettait en doute sa capacité de mener à terme une réforme du système de santé, en raison de la controverse autour de sa nomination.

Dans un communiqué, l'ex-sénateur a affirmé ne pas pouvoir assumer ses fonctions en jouissant de la «totale confiance du Congrès et du peuple américain».

Partisan de la première heure de Barack Obama et expert reconnu du système de santé, Tom Daschle a dû verser 140 000 $ en arriérés d'impôts et intérêts le 2 janvier. Le montant correspondait principalement à l'utilisation d'une voiture et d'un chauffeur mis à sa disposition par un riche investisseur new-yorkais.

Lobbyiste?

Dans son éditorial, le New York Times ne s'inquiétait pas seulement des impôts impayés de Tom Daschle, mais également des millions de dollars qu'il a amassés depuis son départ du Sénat en conseillant des compagnies d'assurances ou des chaînes d'hôpitaux. Le rôle de l'ex-sénateur s'apparentait dangereusement à celui d'un lobbyiste.

En campagne électorale, Barack Obama avait promis de combattre l'influence des lobbyistes à Washington et d'adopter les règles d'éthique les plus sévères de l'histoire pour sa propre administration. Il a cependant donné l'impression d'être prêt à faire des exceptions non seulement dans le cas de Tom Daschle, mais également dans celui de Timothy Geithner, dont la nomination au poste de secrétaire au Trésor a été confirmée en dépit de ses propres ennuis avec le fisc.

Le désistement de Daschle a suivi de quelques heures celui de Nancy Killefer, qui a également renoncé à ses fonctions à cause de problèmes fiscaux. Choisie par Barack Obama pour instaurer la rigueur dans la gestion et les dépenses fédérales, elle n'aurait pas payé tous ses impôts correspondant à une aide à domicile.

Barack Obama aurait-il poussé Tom Daschle vers la sortie afin de retrouver une certaine virginité morale? La question a été posée à plusieurs reprises par les journalistes, hier, au porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, qui a répondu par la négative.

David Axelrod, stratège de la Maison-Blanche, a pour sa part déclaré que le président avait été surpris par la décision de Tom Daschle.

«Il n'y a eu aucun avertissement», a-t-il dit.