La justice pakistanaise a décidé d'ouvrir une enquête plus de trois ans après l'attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire, quand un commando taliban avait assassiné plus de 150 personnes dans une école de Peshawar (Nord-Ouest), en majorité des écoliers.

Le chef de la justice du Pakistan Mian Saqib Nisar a ordonné mercredi « la formation d'une commission judiciaire dirigée par un juge de la Haute Cour de Peshawar », a déclaré jeudi à l'AFP Abdul Latif Yousafzai, l'avocat général de la province de Khyber Pakhtunkhwa, dont cette ville est la capitale.

Cette commission devrait rendre ses conclusions dans deux mois, a-t-il ajouté.

Des proches des victimes, souvent leurs parents, réclamaient depuis longtemps une enquête sur d'éventuels manquements des forces de sécurité, qui avaient permis à neuf talibans de prendre d'assaut une école publique (APS) de la puissante armée pakistanaise.

Le 16 décembre 2014, ces hommes avaient semé la mort classe par classe pendant des heures, assassinant de sang-froid plus de 150 personnes, en majorité des écoliers.

Aucun responsable civil ou militaire n'a jamais été inquiété pour cette attaque. Critiquer l'armée, et particulièrement ses opérations de contre-insurrection, est considéré comme une ligne rouge à ne pas franchir au Pakistan.

Aucune explication officielle n'a été fournie sur la soudaine mobilisation de la justice.

L'ouverture d'une enquête sur les événements survenus dans l'école APS fait partie des revendications du Mouvement de protection pachtoune (PTM), un groupe de défense des droits civiques de l'ethnie pachtoune, majoritaire dans le nord-ouest du Pakistan.

Le PTM, dont la popularité est en plein essor depuis quelques mois, organise un rassemblement à Karachi (sud) auquel des milliers de manifestants sont attendus.

« Je veux que la commission enquête sur l'incident et désigne un responsable pour les négligences et l'incapacité de l'État à protéger nos enfants », a réagi auprès de l'AFP Ajun Khan, qui a perdu un fils dans l'attaque.

Au moins quatre personnes ont été pendues pour leur implication présumée.

Les talibans avaient présenté l'attentat comme des représailles à l'offensive militaire lancée mi-2014 contre les groupes armés opérant dans la région.

Cette attaque, qui avait traumatisé un pays déjà secoué par une décennie de violences, avait déclenché une campagne contre l'extrémisme au Pakistan, où l'insécurité a très fortement diminué trois ans et demi plus tard.

Le cerveau de l'attaque a été tué par un drone en 2017, selon les talibans pakistanais, qui l'avaient revendiquée.