Le Japon et le Royaume-Uni souhaitent accélérer le rythme des sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, après le tir d'un missile au-dessus du territoire nippon, a annoncé la première ministre britannique, en visite à Tokyo.

«En réponse à cette action illégale, le premier ministre (Shinzo) Abe et moi-même sommes convenus de travailler ensemble et avec d'autres membres de la communauté internationale pour augmenter la pression sur la Corée du Nord, notamment en renforçant le rythme des sanctions», a déclaré Theresa May lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue japonais.

«Le tir du missile nord-coréen cette semaine était une provocation scandaleuse et une menace inacceptable à la sécurité du Japon», a-t-elle lancé. «Nous condamnons la Corée du Nord dans les termes les plus forts pour un acte irréfléchi commis en violation des résolutions» de l'Onu.

Shinzo Abe a de son côté déploré une menace désormais «mondiale», qui ne vise «pas seulement le Japon et l'Asie». «Quasiment toute l'Europe est désormais à portée des missiles balistiques intercontinentaux nord-coréens (ICMB)», a-t-il insisté.

Face à ce défi, la dirigeante britannique a souligné le rôle de la Chine, principal soutien diplomatique de Pyongyang, dans ce dossier.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, dont Pékin est un membre permanent, est resté uni mardi en condamnant l'initiative nord-coréenne, sans prévoir cependant de renforcement des sanctions existantes.

«Nous devons nous assurer qu'il ne s'agisse pas juste de mots, et que des actions soient prises, et la Chine a un rôle particulier à jouer», a relevé Mme May. «Elle a de l'influence sur la Corée du Nord, et je pense que nous devons l'encourager à exercer cette influence».

Selon l'agence de presse nippone Jiji, le Japon, de concert avec ses partenaires, va tenter de persuader Pékin et Moscou de ne pas s'opposer à un embargo visant les achats pétroliers nord-coréens, via une nouvelle résolution.

Le Royaume-Uni a également évoqué l'éventualité de nouvelles sanctions internationales qui pousseraient la Russie et la Chine à renvoyer en Corée du Nord ses travailleurs expatriés, source d'importants revenus pour les autorités nord-coréennes.

«Transparence»

Cette stratégie ne fait cependant pas l'unanimité: la Chine a dénoncé jeudi le «rôle destructeur» de «certains pays», accusés de saboter tout effort de négociation.

«Il est dommage que certains pays ignorent de façon sélective les exigences du dialogue et ne parlent que de sanctions. Alors que la Chine et d'autres promeuvent des pourparlers pacifiques, ils nous entravent et nous font trébucher», a déclaré Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Arrivée mercredi au Japon, Theresa May avait auparavant été conviée à un Conseil de sécurité nationale (NSC), un privilège rare. C'est la deuxième fois seulement qu'un dirigeant étranger assiste à une telle réunion après Tony Abbott, alors premier ministre australien, en 2014, selon les médias.

Outre ce volet sécuritaire, son déplacement visait à rassurer le Japon, partenaire économique important, sur le Brexit, alors que les négociations avec l'UE patinent.

«J'ai demandé à Mme May de minimiser l'impact sur les entreprises japonaises et de garantir transparence et visibilité», a rapporté M. Abe. Quelque 1000 sociétés nippones sont implantées au Royaume-Uni (dont le conglomérat industriel Hitachi et les groupes automobiles Toyota, Nissan et Honda) où elles emploient 140 000 personnes.

Dans l'optique de la sortie de l'Union européenne, la première ministre britannique a en outre plaidé pour un accord bilatéral de libre-échange avec le Japon. Dans une déclaration finale, les deux pays ont acté le principe d'un «nouveau partenariat économique», une fois que le Brexit aura été prononcé.

Theresa May quittera le Japon vendredi après une rencontre avec l'empereur Akihito.