Le président américain Donald Trump a promis jeudi à la Corée du Nord une réponse «sévère» après son tir d'un missile balistique intercontinental, alors que se multiplient les appels à de nouvelles sanctions contre Pyongyang.

La Chine a toutefois aussitôt appelé à éviter «les discours et actes» susceptibles d'aggraver les tensions dans la péninsule coréenne, et la Russie a bloqué un projet américain de déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à prendre des «mesures significatives» contre Pyongyang.

«J'appelle toutes les nations à affronter cette menace globale et à montrer publiquement à la Corée du Nord qu'il y a des conséquences à son très, très mauvais comportement», a déclaré M. Trump au cours d'une visite à Varsovie.

Washington pense à des mesures «fort sévères», a ajouté le président américain.

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a dénoncé quelques heures plus tard une «provocation» nord-coréenne, tout en insistant sur le fait que les États-Unis cherchaient une solution diplomatique.

Mais il a prévenu que toute initiative de Pyongyang visant à déclencher un conflit aurait de «graves conséquences».

Mercredi, les États-Unis, soutenus par la France, ont dit à l'ONU vouloir proposer de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord.

Une initiative soutenue jeudi par l'Union européenne et le Japon, qui ont souhaité l'adoption rapide d'une résolution, selon le président du Conseil européen Donald Tusk qui recevait le Premier ministre japonais Shinzo Abe. 

La Russie dit non

La Russie a cependant bloqué jeudi le projet de déclaration que les États-Unis faisaient circuler pour le soumettre aux 15 pays membres du Conseil de sécurité.

Refusant de parler de «blocage», la représentation russe aux Nations unies a tenu à préciser qu'elle avait simplement suggéré aux États-Unis «qu'ils y apportent les modifications appropriées».

«La délégation russe ne peut pas accepter de qualifier le lancement d'essai de missile balistique intercontinental», a écrit la représentation dans un communiqué, soulignant à nouveau que le ministère russe de la Défense estimait qu'il s'agissait en fait d'un missile de moyenne portée.

L'essai de missile ICBM, qui pourrait atteindre l'Alaska selon les experts, constitue une «claire et nette escalade militaire» de la Corée du Nord, avait déclaré mercredi Nikki Haley, ambassadrice américaine, devant le Conseil de sécurité réuni en urgence.

«Dans les prochains jours, nous présenterons (...) une résolution proportionnée à l'escalade de la Corée du Nord», a-t-elle ajouté.

Le numéro un nord-coréen Kim Jong-Un a affirmé mardi que ce tir d'un ICBM, le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, était un «cadeau» aux «salauds d'Américains».

Pyongyang a également affirmé jeudi que ce serait «du gâteau» pour elle d'anéantir son voisin du sud, en réponse aux manoeuvres américano-coréennes menées après son tir, selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, a de son côté averti qu'elle s'opposerait à de nouvelles sanctions autant qu'à une riposte militaire.

«Tout le monde doit admettre que les sanctions ne vont pas résoudre le problème», a déclaré l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU Vladimir Safronkov, ajoutant que «toute tentative de justifier une solution militaire est inadmissible».

L'ambassadeur chinois à l'ONU, Liu Jieyi, a lui aussi estimé qu'une action militaire n'était «pas une option».

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a souligné que la Chine «enjoint fermement la Corée du Nord à respecter les résolutions de l'ONU», mais appelle «toutes les parties à faire preuve de retenue».

Trump accuse Pékin

«Les États-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens», y compris militaires, pour se défendre, a affirmé Mme Haley devant l'ONU, expliquant avoir évoqué avec M. Trump des sanctions contre les pays qui continuent à commercer avec la Corée du Nord.

Sur Twitter, M. Trump a accusé mercredi la Chine de saper les efforts américains en renforçant ses échanges commerciaux avec Pyongyang.

La France a elle aussi plaidé pour «un durcissement et un renforcement des sanctions».

Le Conseil de sécurité a adopté en 2016 deux régimes de sanctions pour augmenter la pression sur Pyongyang et tarir les devises qui servent au financement de ses programmes militaires, interdits par l'ONU.

Ces résolutions ont entraîné la réduction importante des exportations de charbon nord-coréen, source majeure de revenus, et permis de contrôler davantage tous les chargements de ou vers la Corée du Nord.

Au total, l'ONU a imposé six régimes de sanctions à Pyongyang depuis son premier essai nucléaire en 2006.

Le lancement réussi d'un missile intercontinental est un succès majeur pour le régime communiste, dont l'objectif avoué est d'être en mesure de menacer le sol continental américain du feu nucléaire. Il a déjà mené cinq essais nucléaires et dispose d'un petit stock de bombes atomiques.

Moins de 24 heures après cet essai, Séoul et Washington ont répliqué par plusieurs tirs de missiles simulant une attaque contre le régime de Pyongyang.

Le président sud-coréen Moon Jae-In s'est par ailleurs dit prêt à renouer le dialogue avec le chef de la Corée du Nord, Kim Jong-Un, sous condition d'un arrêt des manoeuvres militaires de Pyongyang, lors d'un discours jeudi à Berlin, à la veille du sommet du G20 à Hambourg.