L'avocat québécois qui représente Edward Snowden affirme que les réfugiés qui sont venus en aide au célèbre lanceur d'alerte lorsqu'il se cachait à Hong Kong à l'été 2013 font aujourd'hui l'objet de pressions indues des autorités locales.

Dans une requête transmise en début de semaine au gouvernement de Hong Kong et à diverses agences onusiennes, Robert Tibbo précise que parmi les réfugiés en question, Vanessa Mae Bondalian Rodel s'est vu retirer des aides financières essentielles après avoir refusé de répondre à des questions relativement à son rôle dans la fuite de l'ancien employé en sous-traitance de la National Security Agency (NSA).

« Il semble extrêmement clair que Mme Rodel » est punie « parce qu'elle a refusé de répondre à des questions relativement à M. Snowden », écrit Me Tibbo.

Selon la requête, la personne responsable du dossier de la réfugiée au sein de la section locale de l'International Social Service de Hong Kong (ISSHK), qui gère l'aide aux réfugiés, a abordé le dossier avec elle à la mi-septembre.

Mme Rodel, qui vit avec sa mère et sa fille, lui aurait suggéré de contacter son avocat, Me Tibbo, pour discuter de la question. C'est lui qui avait eu l'idée de cacher Edward Snowden parmi des réfugiés qu'il représente.

La représentante de l'ISSHK l'aurait alors informée que l'agence refusait de payer en son nom une facture d'électricité d'environ 900 $ ainsi que les frais liés à son déménagement dans un nouvel appartement.

La conversation est survenue près d'une semaine après que les médias eurent révélé le rôle joué par des réfugiés dans la fuite d'Edward Snowden. Il avait reconnu le 9 juin 2013 dans une vidéo être l'auteur de fuites embarrassantes sur les pratiques de surveillance de la NSA alors qu'il était terré dans un hôtel de Hong Kong, déclenchant une véritable chasse à l'homme.

Selon Me Tibbo, l'ex-colonie doit couvrir les besoins de base des réfugiés en attendant le traitement de leur demande d'asile, ce qui inclut les frais de loyer et d'électricité.

Ce soutien est rendu essentiel par le fait que les réfugiés n'ont pas le droit de travailler et s'exposent à une peine de prison ferme de près de deux ans s'ils violent cette interdiction.

Dans un courriel, Me Tibbo a précisé que les deux autres familles ayant prêté main-forte à Edward Snowden étaient également privées d'une partie de l'aide financière à laquelle elles ont droit en raison de leur action.

La responsable des communications de l'ISSHK, Connie Hui, a indiqué dans un courriel transmis à La Presse que son organisation fournissait à Mme Rodel toutes les aides prévues par la loi, notamment pour l'électricité et le logement.

« Dit autrement, AUCUNE aide à laquelle elle a droit ne lui est actuellement refusée », a-t-elle précisé en utilisant des lettres majuscules pour souligner le caractère catégorique de son affirmation.

Mme Hui a ajouté que l'organisation évaluait « attentivement » les besoins d'aide de chaque réfugié réclamant le droit d'asile et intervenait en conséquence pour éviter qu'ils ne se retrouvent dans le besoin.

Me Tibbo soutient que les autorités de Hong Kong font tout pour se soustraire à leurs obligations internationales envers les demandeurs d'asile. Les requérants, dit-il, sont contraints d'attendre pendant des années, dans des circonstances extrêmement difficiles, avant d'obtenir une décision qui s'avère, dans la quasi-totalité des cas, négative.

L'avocat a dit espérer récemment qu'un pays tiers « épris de droits de la personne » viendrait en aide aux familles de réfugiés ayant prêté main-forte à Edward Snowden pour les récompenser de leur courage.

UNE AUTRE PRÉSUMÉE TAUPE DANS LA LIGNE DE MIRE DU FBI

Le FBI soupçonne un autre ex-employé en sous-traitance à la National Security Agency (NSA) d'avoir dérobé des informations sensibles à l'agence de renseignements américaine. Le New York Times a rapporté hier que les enquêteurs ont « secrètement » arrêté récemment un homme de 51 ans, Harold T. Martin, du Maryland. Il est accusé notamment d'avoir dérobé des codes informatiques utilisés pour espionner les réseaux informatiques de gouvernements étrangers.

PHOTO DAVID BOILY, archives LA PRESSE

Selon l'avocat Robert Tibbo, les réfugiés qui sont venus en aide à Edward Snowden à Hong Kong font l'objet de pressions indues des autorités locales.