Mise en garde par le secrétaire d'État américain John Kerry contre des «conséquences réelles» à propos de ses programmes nucléaires et de missiles, la Corée du Nord a répliqué mardi que la poursuite ou non de ses essais dépendait de l'attitude de Washington.

John Kerry et son homologue nord-coréen Ri Yong-Ho étaient en même temps à Vientiane lundi et mardi pour assister aux rencontres annuelles des nations d'Asie du Sud-Est élargies aux grandes puissances. Et s'ils ne sont pas rencontrés, les graves tensions dans la péninsule coréenne ont dominé les discussions.

«La question d'effectuer des essais nucléaires supplémentaires dépend entièrement des États-Unis», a déclaré Ri Yong-Ho, le nouveau ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord à peine quelques heures après que John Kerry eut évoqué le «comportement provocateur et profondément inquiétant» de Pyongyang.

«La dénucléarisation de la péninsule coréenne n'est plus sur la table à cause des États-Unis», a ajouté Ri Yong-Ho, qui effectué son baptême du feu au Laos, où il a notamment rencontré son homologue chinois Wang Yi, dont le pays est l'unique allié de Pyongyang.

Ce diplomate chevronné qui suit depuis 20 ans les dossiers internationaux a été le négociateur de la Corée du Nord lors des pourparlers à six qui réunissaient les deux Corées, les États-Unis, le Japon, la Russie et la Chine et qui ont capoté en 2008.

Depuis le processus diplomatique est au point mort.

«L'hostilité politique des États-Unis est le facteur clé qui endommage la situation... et le problème ne fait que s'aggraver», a-t-il encore ajouté, citant le durcissement des sanctions économiques depuis le quatrième essai nucléaire effectué par la Corée du Nord en janvier.

Depuis cet essai le 6 janvier, suivi le 7 février par un tir de fusée généralement considéré comme un essai de missile balistique déguisé, les tensions ne cessent de s'aggraver sur la péninsule.

Alors que les résolutions de l'ONU lui interdisent tout programme nucléaire ou balistique, la Corée du Nord progresse, selon les experts, dans ses efforts pour mettre au point un missile intercontinental (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

Et malgré les dernières sanctions, la Corée du Nord a continué d'effectuer des tests de missiles balistiques, en violation des sanctions de l'ONU.

«Grave menace»

«Ensemble, nous sommes déterminés -- tous ceux qui sont réunis ici, peut-être à une exception près -- à faire comprendre clairement à la Corée du Nord qu'il y a des conséquences réelles pour ces actions», avait déclaré auparavant le secrétaire d'État américain lors d'une conférence de presse.

«Il est essentiel pour le monde et pour tous les pays d'appliquer complètement les sanctions qui ont été imposées et nous avons l'intention de le faire», a-t-il ajouté en référence aux séries de sanctions internationales prises contre le régime nord-coréen pour ses programmes nucléaires et de missiles.

À chaque essai nucléaire nord-coréen - janvier 2016, octobre 2006, mai 2009 et février 2013 -  les mesures punitives prises par l'ONU, Washington ou Bruxelles ont été renforcées. Elles visent des établissements financiers ou des entreprises liées aux activités nucléaires ou balistiques de la Corée du Nord.

Les États-Unis ont par ailleurs placé la semaine dernière Kim Jong-Un sur une liste noire de personnes sanctionnées en invoquant de graves violations des droits de l'Homme, ce que Pyongyang avait assimilé à une «déclaration de guerre».

John Kerry a redit mardi que la Corée du Nord représentait une «grave menace, non seulement pour cette région, mais aussi pour la paix et la sécurité internationales».

Les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques, mais avaient l'habitude de communiquer via le canal dit de New York, entre diplomates au siège des Nations unies.

Mais Pyongyang a annoncé il y a deux semaines la rupture de ce canal de communication en raison des sanctions contre son dirigeant.

Le désarmement et la non-prolifération forment un pilier de la politique étrangère multilatérale de Barack Obama, qui s'était engagé à Prague en avril 2009, à oeuvrer à la construction d'«un monde sans armes nucléaires». Une ambition qui avait alors valu le prix Nobel de la paix au nouveau président des États-Unis.