Une fillette et deux adultes ont été extraits vivants lundi des décombres d'un complexe résidentiel détruit par un puissant tremblement de terre dans le sud de Taïwan, où les survivants s'interrogeaient sur des manquements à la sécurité.

Le séisme de magnitude 6,4 qui a frappé l'île samedi a fait 37 morts: la plupart des victimes ont péri dans l'effondrement d'un ensemble d'immeubles de Wei-kuan, à Tainan, qui comprenait 100 logements.

Une centaine de personnes y étaient toujours ensevelies lundi.

Une fillette de huit ans a été retirée des décombres plus de 60 heures après la catastrophe, rapportent des journalistes de l'AFP, qui l'ont vue allongée sur un brancard.

Un homme de 40 ans a lui été extrait des décombres au moyen d'une grue.

Les secours ont raconté comment ils avaient tenté de l'exhumer pendant plus de 20 heures sans y parvenir, car sa jambe était coincée.

Une équipe médicale avait été dépêchée auprès de lui pour déterminer si elle devait l'amputer. Finalement, il a pu être extrait des débris.

«On ne sait pas s'il pourra conserver sa jambe, mais les médecins vont tout faire pour le soigner», a déclaré le maire de Tainan, William Lai.

Une femme de 45 ans a également été libérée après que les équipes de sauveteurs l'eurent entendue crier et son état de santé a été décrit comme stable.

Les sauveteurs ont toutefois retrouvé les corps sans vie de son mari et de son enfant de deux ans et recherchaient toujours cinq autres membres de sa famille.

Les secouristes ont encore l'espoir de pouvoir sauver des vies.

Les équipes se servent de grues, de foreuses, de chiens pisteurs et d'équipements permettant de détecter les signes de vie. Mais leurs efforts sont freinés par la nécessité de consolider des ruines très instables.

Résistance des bâtiments «passée en revue»

Une fois qu'ils se seront assurés d'avoir récupéré les personnes qui se trouvent dans les couches supérieures des décombres, les sauveteurs utiliseront des excavatrices pour déblayer des pans énormes de béton et fouiller en dessous.

Le président taïwanais Ma Ying-jeou a promis que le gouvernement ferait tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir jusqu'aux survivants dans les «72 heures qui sont d'or», celles au-delà desquelles les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent.

«Nous continuerons jusqu'au dernier moment. Les 72 heures cruciales pour les sauveteurs sont la norme, mais il y a de nombreuses exceptions», a dit le président après avoir rendu visite à des blessés hospitalisés à Tainan. Parmi eux, une femme qui a perdu son bébé de 10 jours et son mari. Ses deux autres enfants sont portés disparus.

«De nombreuses personnes sont encore prises au piège et nos coeurs sont lourds», a ajouté M. Ma.

Les Taïwanais célébraient lundi comme de nombreux autres Asiatiques le début de l'année du singe. Cette période est traditionnellement l'occasion pour les familles de se retrouver et les autorités estiment qu'il y avait plus de monde dans le complexe effondré que d'habitude.

Une enquête a été ouverte par le parquet sur les causes de l'effondrement de l'ensemble immobilier tandis que des survivants, les familles et la presse locale critiquaient des manquements en matière de sécurité.

La présidente élue, Tsai Ing-wen, qui prendra les rênes du pouvoir en mai, a déclaré que le nouveau gouvernement ferait de la sécurité dans le bâtiment l'une de ses priorités.

«Il y a de nombreux bâtiments anciens à travers Taïwan. Leur résistance aux tremblements de terre et aux autres catastrophes sera passée en revue», a-t-elle dit en rendant visite à des survivants hospitalisés.

Taïwan, proche de la jonction entre deux plaques tectoniques, est régulièrement touchée par des tremblements de terre.

Une secousse de magnitude 7,6 sur l'échelle de Richter avait frappé l'île en septembre 1999, tuant quelque 2400 personnes.