Washington a mis en garde Pékin mercredi contre ses ambitions territoriales en mer de Chine méridionale et face au piratage informatique pour lequel le gouvernement chinois est montré du doigt, au terme d'un sommet entre les deux premières puissances mondiales.

Pour la 7e édition de leur «dialogue stratégique et économique» annuel, les États-Unis et la Chine ont mis sur la table cette semaine leurs multiples contentieux tout en vantant leurs coopérations, en premier lieu sur le changement climatique.

Côté américain, les trois jours de discussions étaient pilotés par le secrétaire d'État John Kerry et le secrétaire au Trésor Jacob Lew et, côté chinois, par le vice-premier ministre Wang Yang et le conseiller d'État Yang Jiechi qui a la main sur la politique étrangère de son pays.

La partie chinoise a été reçue mercredi par le président Barack Obama afin de préparer la visite d'État du président Xi Jinping en septembre.

M. Obama «a évoqué les inquiétudes des États-Unis concernant le comportement de la Chine dans les domaines maritime et informatique et a appelé la Chine à prendre des mesures concrètes pour faire baisser les tensions», selon la Maison-Blanche.

Les ambitions territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale, auxquelles s'opposent des pays d'Asie du Sud-Est soutenus par les États-Unis, sont sources de tensions récurrentes dans la région. Les zones maritimes disputées sont stratégiques pour le commerce mondial et recèlent potentiellement d'importantes réserves d'hydrocarbures.

Devant la presse, M. Kerry a réaffirmé que Washington «ne prenait pas position» sur les questions de souveraineté, tout en pressant Pékin de régler ses différends de manière «pacifique».

Le piratage informatique est aussi source de vifs échanges entre Washington et Pékin.

Des médias américains et des responsables anonymes ont vu la main de la Chine derrière la récente cyberattaque ayant visé les données de millions de fonctionnaires américains. En mai 2014, cinq militaires chinois avaient été inculpés aux États-Unis pour «piratage informatique» et «espionnage économique».

Discussions «franches»

John Kerry s'est dit «profondément préoccupé par les questions de cybersécurité, évoquant des discussions «franches» avec ses interlocuteurs chinois, mais «sans que l'on s'accuse ou l'on se montre du doigt».

Il s'est plaint des «dommages causés aux entreprises américaines».

M. Lew avait été plus accusateur mardi, dénonçant «le vol électronique, parrainé par le gouvernement chinois, d'informations économiques confidentielles et de technologies brevetées».

«La Chine exhorte les États-Unis à s'en tenir aux faits», a rétorqué le conseiller d'État Yang, dont les propos étaient traduits.

Les deux géants, présentés comme des rivaux voire des adversaires en Asie-Pacifique, se sont également efforcés d'afficher leur bonne entente sur des problématiques mondiales: changement climatique, nucléaire iranien et nord-coréen, guerres au Moyen-Orient ou aide humanitaire.

Sur le climat, les deux pays, liés depuis novembre par un accord sur la réduction de leurs émissions, ont affirmé «leur détermination à obtenir un accord ambitieux et mondial en décembre à Paris».

Washington et Pékin ont également annoncé une initiative commune en vue de protéger les océans, notamment par la lutte contre la surpêche et la création de zones marines.

Au plan économique, alors que les États-Unis souffrent d'un déficit commercial record de plus de 342 milliards de dollars en 2014, dû en partie à une sous-évaluation du yuan, le secrétaire au Trésor s'est félicité que «la Chine se soit engagée à n'intervenir qu'en cas de nécessité sur le marché des taux de change».

«La Chine a un rôle important dans l'économie mondiale et l'architecture financière», a loué M. Lew, John Kerry réaffirmant que «les États-Unis saluaient l'émergence d'une Chine stable, pacifique et prospère».