Barack Obama et le premier ministre indien Narendra Modi ont affiché une étroite complicité dimanche à New Delhi, mettant en avant une avancée dans la coopération sur le nucléaire civil au début d'une visite de trois jours du président américain en Inde.

La journée, qui avait débuté par une franche accolade dès l'aéroport où M. Obama a été accueilli par le premier ministre indien, s'est poursuivie par un entretien de plusieurs heures ponctué par une conférence de presse commune à la tonalité résolument positive.

Si, en dehors des avancées sur le nucléaire civil, cette rencontre n'a donné lieu à aucune annonce majeure, M. Modi a souligné le puissant symbole que représentait la le visite de M. Obama, quatre mois après leur première rencontre à la Maison-Blanche.

«Les relations entre les pays dépendent peu des points et des virgules (sur un document), mais beaucoup des relations entre leurs dirigeants, de l'alchimie entre eux», a fait valoir le premier ministre indien. «Barack et moi avons développé une véritable amitié», a-t-il ajouté, soulignant que cela contribuait à rapprocher «Washington et New Delhi, mais également les peuples des deux pays».

Cette entente entre les deux hommes marque une inflexion des relations entre les deux pays, qui s'étaient dégradées fin 2013 en raison de querelles diplomatiques.

En outre, pendant une décennie, les États-Unis n'avaient eu aucune relation avec Modi, qui s'était vu refuser un visa en 2005 en raison des émeutes antimusulmanes ayant ensanglanté l'État du Gujarat qu'il dirigeait en 2002.

Première concrétisation de ce nouvel élan, les deux dirigeants ont annoncé la relance de leur coopération sur le nucléaire civil, bloquée depuis six ans, tout en restant évasifs sur la portée exacte de cet accord.

«Je suis heureux d'annoncer que six ans après la signature de notre accord bilatéral, nous progressons vers une coopération commerciale compatible avec nos lois et les obligations légales internationales», a dit M. Modi.

L'accord signé en 2008 était au point mort en raison de la législation indienne qui prévoit que les constructeurs de centrales nucléaires sont responsables en cas d'accident, une clause jugée trop lourde par l'essentiel des groupes nucléaires étrangers.

L'Inde a proposé la mise en place d'un «pool d'assureurs» qui permettrait aux constructeurs et aux assureurs individuels de ne pas supporter un coût démesuré.

«Cela ouvre la voie aux groupes américains et à d'autres pour aller de l'avant et aider l'Inde à développer son énergie nucléaire», a souligné Richard Verma, l'ambassadeur des États-Unis en Inde.

Le renforcement de la coopération économique apparaît comme l'enjeu central de cette visite. Les échanges commerciaux entre les deux géants ont pratiquement quintuplé depuis 2000 et s'élèvent désormais à 100 milliards de dollars par an. L'objectif affiché pas Washington est de multiplier de nouveau ce chiffre par cinq au cours des années à venir.

Climat: viser un accord ambitieux

Un peu plus de deux mois après avoir scellé un accord inédit avec Pékin sur les émissions de gaz à effet de serre, engagements chiffrés à la clé, le président Obama a également évoqué la question du climat avec M. Modi. L'Inde est le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine et les États-Unis.

«Cet accord ne nous met aucune pression, l'Inde est un pays indépendant», a-t-il tout de suite tranché le premier ministre indien, rejetant fermement toute comparaison. «Mais le changement climatique représente une énorme pression», a-t-il ajouté.

Les deux hommes ont promis une coopération renforcée sur les énergies renouvelables et se sont engagés à améliorer leur coopération «afin d'aboutir à un accord ambitieux à Paris».

Plus de 190 pays se retrouveront en décembre dans la capitale française pour tenter de s'entendre sur les moyens d'endiguer le réchauffement climatique. Selon la Maison-Blanche, l'Inde annoncera d'ici fin juin les objectifs sur lesquels elle entend s'engager à cette occasion.

M. Obama avait été accueilli dans la matinée au palais présidentiel par la garde au son de 21 coups de canon. Il a également déposé une gerbe de fleurs au mémorial du Mahatma Gandhi, lieu de crémation du père de l'indépendance de l'Inde, assassiné en 1948.

L'étape la plus photogénique du voyage a cependant été annulée, provoquant une vive déception dans le pays:  Barack et Michelle Obama ne se rendront finalement pas au Taj Mahal, perle architecturale dédiée à l'amour.

Le président américain a décidé à la dernière minute d'écourter son voyage pour se rendre rendre en Arabie saoudite après le décès du roi Abdallah.