Le premier ministre taïwanais Jiang Yi-huah a annoncé sa démission samedi après la déroute de son parti, le Kuomintang (KMT), à des élections locales qui ont largement confirmé la perte de popularité du parti au pouvoir.

Jiang Yi-huah a annoncé sa démission au cours d'une brève conférence de presse, expliquant endosser la «responsabilité politique» de la cuisante défaite de son parti qui, selon des résultats non officiels, a perdu cinq des six municipalités de l'île nationaliste aux élections locales.

Il a précisé que le président Ma Ying-jeou avait accepté sa démission.

Quelque 18 millions de personnes avaient été appelées aux urnes pour départager des candidats se disputant plus de 11 000 sièges dans les élections locales sur toute l'île.

Le Kuomintang est favorable au resserrement des liens avec Pékin, qui surveillait de près ce scrutin dans l'île nationaliste. La Chine communiste considère Taïwan comme sa propriété, et n'a pas renoncé à la réunification avec l'«île rebelle», par la force si nécessaire.

Le recul du Kuomintang s'explique en partie par les craintes grandissantes de la population face à l'influence de la Chine, par le ralentissement économique et une série de scandales alimentaires, dont un concernant de l'huile frelatée.

Ces élections locales étaient considérées comme un test crucial avant l'élection présidentielle de 2016.

Le président Ma, élu en 2008 sur un programme électoral conciliant avec Pékin, devra alors quitter le pouvoir, au terme de son deuxième mandat de quatre ans.

Une bonne partie de l'opinion publique taïwanaise s'est montrée récemment inquiète de l'influence continentale grandissante sur l'île.

Un projet d'accord commercial avec le continent a provoqué d'importantes manifestations de protestation, lancées par les étudiants, avec l'occupation pendant trois semaines du Parlement de Taipei.

Le parti démocratique progressiste (DPP, opposition) s'est toujours montré sceptique en ce qui concerne un resserrement des liens avec Pékin. Et il a critiqué le Kuomintang au pouvoir pour manque de transparence concernant les accords commerciaux avec la Chine.

Larmes aux yeux 

Le candidat indépendant Ko Wen-je l'a emporté à Taipei, bastion traditionnel du Kuomintang. Son rival Sean Lien a reconnu sa défaite les larmes aux yeux avant même la proclamation des résultats officiels. «Je suis absolument désolé de ne pas avoir répondu aux attentes. Je suis responsable, je n'ai pas travaillé assez dur», s'est-il excusé devant ses partisans.

Le Kuomintang a perdu un autre de ses bastions, la ville de Taichung, où son maire sortant Jason Hu a été battu par le candidat du DPP Lin Chia-lung. Ce dernier a particulièrement remercié les jeunes électeurs pour leur importante participation, «historique», selon lui.

La performance globale du DPP a «dépassé ses espérances», selon son porte-parole Huang Di-ying.

Avant ces élections, le Kuomintang contrôlait 11 des 22 villes et circonscriptions de Taiwan, contre sept au DPP.

«De nombreux jeunes sont inquiets pour leurs perspectives d'emploi et le coût du logement. J'espère un changement de mentalité à ce sujet au sein du gouvernement, pour améliorer les choses pour nous», a déclaré à l'AFP un jeune diplômé, Mark Hsu, à la sortie d'un bureau de vote de la capitale.

La participation à ces élections aurait largement dépassé la barre de deux tiers des inscrits, selon les dernières estimations.