Pékin a rejeté samedi comme «totalement infondées» les accusations du Pentagone selon lesquelles un avion de chasse chinois aurait dangereusement frôlé un appareil américain au large de la Chine, a rapporté l'agence de presse officielle Xinhua (Chine nouvelle).

La Chine a répliqué en renvoyant la responsabilité d'éventuels incidents à la surveillance «fréquente et massive» de la Chine pratiquée par les forces américaines.

Le contre-amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone, a déclaré vendredi qu'un chasseur chinois avait frôlé par trois fois mardi un appareil américain P8-Poseidon de surveillance maritime, s'approchant à moins de 10 mètres de l'avion américain et effectuant un tonneau afin d'exhiber ses armes, une manoeuvre qu'il a qualifiée de «très dangereuse».

Le ministre chinois de la Défense, Yang Yujun, a qualifié samedi ces allégations de «totalement infondées» et il s'en est pris aux opérations de surveillance de l'armée américaine à proximité des eaux territoriales chinoises.

Le ministre affirme, dans un communiqué cité samedi par Chine nouvelle, que le chasseur était à bonne distance de l'avion américain, intercepté au-dessus des eaux internationales à environ 220 kilomètres à l'est de l'île chinoise de Hainan, et qu'il a mené une opération de vérification normale.

En avril 2001, dans la même zone, une collision entre un avion EP-3 de la Marine américaine et un chasseur chinois avait causé la mort du pilote chinois et forcé l'appareil américain à atterrir d'urgence sur l'île de Hainan. L'équipage avait ensuite été détenu et interrogé.

Pour M. Yang, c'est «la surveillance rapprochée, massive et fréquente de la Chine» menée par les États-Unis qui menace la sécurité aérienne et maritime.

Cet incident, qui a ravivé la tension entre Pékin et Washington, illustre la rivalité croissante entre les deux puissances, alors que la Chine renforce sa capacité militaire et affirme ses ambitions territoriales dans le Pacifique.

L'évènement risque en outre de compromettre les efforts de Washington pour améliorer les relations militaires avec Pékin, alors que des responsables américains ont vanté les progrès accomplis pour établir le dialogue avec les hauts gradés de l'armée chinoise.

La souveraineté en mer de Chine orientale est un sujet de tension récurrent dans la région, Washington considérant qu'il s'agit d'un espace aérien et maritime international quand Pékin y voit une zone économique exclusive lui appartenant.

La Chine a d'ailleurs instauré unilatéralement le 23 novembre 2013 une zone aérienne d'identification sur une grande partie de cette mer située entre la Corée du Sud et Taïwan.

Deux semaines plus tard, un croiseur lance-missiles américain a failli entrer en collision avec un bâtiment de la Marine chinoise dans ces eaux internationales, chacun rejetant sur l'autre la responsabilité de l'incident.