L'armée pakistanaise a annoncé lundi avoir lancé ses troupes au sol pour éradiquer les repaires des talibans et d'Al-Qaïda dans leur principal bastion tribal du nord-ouest, seconde phase de l'offensive lancée il y a deux semaines près de la frontière afghane.

Avant le début de cette opération terrestre dans le Waziristan du Nord, précédée de deux semaines de bombardements aériens, l'armée avait conseillé à tous les habitants de ce district tribal de le quitter au plus vite. Près d'un demi-million de civils, soit la grande majorité de la population, ont depuis fui la zone.

«Après l'évacuation de toute la population civile», les soldats ont commencé dans la matinée à se diriger vers ses principales villes du district, a annoncé le porte-parole de l'armée, le général Asim Bajwa, dans un message posté sur son compte Twitter.

«Ils sont entrés» dans la capitale locale Miranshah «pour y fouiller les maisons», a-t-il ajouté.

«Les soldats se sont dirigés vers le marché central de Miranshah ce matin vers 9h30 (0h30, heure de Montréal), après avoir détruit des repaires rebelles par des tirs d'artillerie. L'opération est menée avec des tanks et autres véhicules blindés», a précisé à l'AFP un autre responsable militaire. «Les soldats ont également pris le contrôle de l'hôpital civil de Miranshah», a-t-il précisé.

L'offensive terrestre a également débuté à Mir Ali, la seconde ville du district, a ajouté un autre responsable militaire.

L'armée a ajouté avoir déjà tué 15 rebelles dans ces premiers mouvements au sol, et déploré trois blessés dans ces affrontements.

Depuis le lancement de l'offensive sur la Waziristan du Nord le 15 juin, 376 rebelles ont été tués, 19 autres se sont rendus et 17 soldats ont perdu la vie, selon l'armée.

Seuls des bilans militaires sont à ce jour disponibles, impossibles à vérifier faute notamment de journalistes sur place, l'armée les ayant invités à quitter la zone avec les civils.

Samedi, l'armée avait indiqué avoir tué un commandant du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), le principal groupe rebelle du pays, et arrêté un commandant d'Al-Qaïda.

Baptisée «Zarb-e-Azb», du nom d'une épée utilisée par le prophète Mahomet, l'offensive a été lancée après une attaque spectaculaire rebelle contre l'aéroport de Karachi (sud), le principal du pays, qui a tué des dizaines de personnes et marqué la fin des tentatives de négociation de paix du gouvernement avec les rebelles talibans locaux.

Les soldats n'ont jusqu'ici rencontré que très peu de résistance des rebelles au Waziristan du Nord. Selon des sources concordantes, la grande majorité des combattants islamistes avaient déjà quitté la zone avant son déclenchement, passant notamment dans l'Afghanistan voisin, comme une partie des civils.

L'offensive a provoqué l'exode de près de 500 000 Waziris du nord, soit la grande majorité de cette population estimée à moins d'un million de personnes. La plupart se sont réfugiés dans les districts proches, et notamment dans la ville voisine de Bannu.

Cet exode, en plein été, sous une chaleur écrasante et alors que débute lundi le mois de jeûne du ramadan, a créé une crise humanitaire et des tensions, notamment à Bannu où les réfugiés se plaignent du peu d'aide et de nourriture disponibles.

L'offensive au Waziristan du Nord, un district tribal reculé, montagneux et frontalier de l'Afghanistan était attendue de longue date par des alliés d'Islamabad tels que les États-Unis et la Chine.