Un cardinal sud-coréen s'est rendu mercredi en Corée du Nord, dans la zone industrielle gérée par les deux voisins ennemis, première visite au Nord d'un haut responsable religieux catholique, à quelques semaines du séjour du pape François à Séoul.

L'archevêque Andrew Yeom Soo-Jung est arrivé sur le site de Kaesong, situé à 10 km de la frontière, côté Nord, pour une visite de quelques heures afin de rencontrer les employés sud-coréens qui y travaillent, selon le ministère sud-coréen de l'Unification.

Kaesong a été créé en 2004, lors d'une période de détente entre le Sud et le Nord, afin de symboliser la coopération entre les deux pays qui sont toujours théoriquement en guerre depuis la guerre de Corée (1950-1953).

Le cardinal Yeom «prononcera quelques mots d'encouragement aux cadres sud-coréens, visitera les usines et les cliniques», a déclaré Park Soo-jin, porte-parole du ministère de l'Unification.

Il ne rencontrera pas en revanche de responsables politiques nord-coréens.

Une centaine d'entreprises manufacturières sud-coréennes se sont implantées à Kaesong et emploient quelque 50 000 Nord-Coréens.

Elles subissent parfois l'impact des tensions entre les deux pays - le site a ainsi été fermé par Pyongyang cinq mois en 2013, au plus fort d'un regain de tension -, mais elles bénéficient d'une main-d'oeuvre bon marché parlant coréen et de prêts préférentiels.

L'encadrement est assuré par des Sud-Coréens, le tout sous la surveillance étroite de soldats nord-coréens.

Cette première visite d'un cardinal sud-coréen au Nord intervient trois mois avant la visite du pape François en Corée du Sud, prévue du 14 au 18 août.

Ce premier voyage en Asie du pape François aura pour objectif, entre autres, de promouvoir la paix sur la péninsule coréenne, avait indiqué précédemment le cardinal sud-coréen.

Des responsables religieux sud-coréens, notamment bouddhistes ou protestants, se sont rendus au Nord, dans le cadre par exemple d'échanges culturels.

La liberté de religion est inscrite dans la Constitution nord-coréenne, mais elle n'est que théorique, et la pratique religieuse ne peut s'effectuer qu'au sein de groupes autorisés par le pouvoir.

Environ 10 % des 50 millions de Sud-Coréens se disent catholiques.

François se rendra en Corée du Sud à l'occasion des 6es Journées asiatiques de la jeunesse, qui se déroulent du 13 au 17 août à Daejeon, à 150 km de Séoul. Il présidera également une messe de béatification de 124 martyrs coréens, tués «en haine de la foi» entre 1791 et 1888.

Selon des éléments du programme avancés par l'agence catholique AsiaNews, le pape pourrait également célébrer le 18 août une messe dédiée à la Corée du Nord afin de demander la réunification de la péninsule. Cette célébration n'a pas été confirmée par le Saint-Siège.

La Corée du Nord communiste figure en tête de liste pour les persécutions des chrétiens, selon diverses ONG.