Routes et chemins de fer étaient bloqués mardi au Bangladesh par des militants de l'opposition qui dénoncent violemment le choix du gouvernement d'organiser des élections législatives le 5 janvier, ces protestations ayant déjà causé la mort de 7 personnes.

Le Bangladesh Nationalist Party (BNP) et ses alliés islamistes ont appelé à une grève générale de 48 heures pour obtenir la suspension de la date du scrutin annoncée lundi soir à la télévision nationale.

Le BNP a à nouveau exigé que l'actuelle première ministre, Sheikh Hasina, démissionne au profit d'un gouvernement chargé des affaires courantes qui puisse superviser les élections, une demande rejetée par la chef de gouvernement.

Les manifestants ont manifesté en force dans les villes, juste après l'annonce de la date du vote, la police ripostant avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, et parfois avec des tirs réels.

«Nous avons tiré après avoir été attaqués par 500 protestataires armés et disposant de petites bombes», a dit Abul Khaer, un responsable policier de Comilla (est).

Dans ce district de Comilla, trois personnes sont mortes, dont un garde-frontière tué par balle par un manifestant, selon la police.

Par ailleurs, deux responsables du parti au pouvoir ont été battus à mort dans le district de Satkhira (sud) par des soutiens du Jamaat-e-Islami, le premier parti islamiste.

Un responsable du BNP a été tué par balle par la police dans le nord du pays, à Shahjahanpur.

Enfin, selon la police, un manifestant est mort noyé à Sirajganj (nord) en tentant d'échapper aux jets de gaz lacrymogène, la chaîne ATN News affirmant de son côté qu'il est mort après avoir été touché par une grenade de gaz lacrymogène.

La circulation des trains était «paralysée» par des centaines d'opposants qui ont retiré des rails et sorti des wagons des voies, mis le feu à des trains et bloqué des lignes, a dit à l'AFP un haut responsable des chemins de fer du Bangladesh, Syed Zahur.

Au moins 60 incidents pour empêcher la circulation des trains ont été repérés, la circulation étant interrompue entre Dacca et les grandes villes de Chittagong et Sylhet a-t-il ajouté.

Un train a déraillé à Goripur, à 100 km environ de la capitale Dacca, la police soupçonnant des protestataires d'avoir sorti des wagons des rails. 

À Dacca, 8000 agents de police et des forces paramilitaires ont été déployés pour resserrer la sécurité, a indiqué le porte-parole de la police, Masudur Rahman à l'AFP. Les liaisons d'autocar interrégionales ont été suspendues pour prévenir toute violence, bloquant des milliers de personnes.

Un analyste politique, Ataur Rahman, ancien professeur de sciences politiques à Singapour, a estimé que les élections n'auraient pas lieu en raison du boycottage du BNP, en tête dans les sondages.

«Le calendrier doit être modifié pour répondre aux demandes de l'opposition et avoir une élection crédible», a-t-il dit.

L'histoire du Bangladesh est émaillée de violences, mais l'année 2013 est la plus meurtrière depuis son indépendance en 1971. Au moins 150 personnes ont été tuées à la suite de plusieurs condamnations à mort controversées de dirigeants islamistes reconnus coupables de crimes de guerre pendant la guerre d'indépendance.