La justice espagnole a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ex-président chinois Jiang Zemin et l'ex-premier ministre Li Peng, dans le cadre d'une procédure ouverte en 2006 pour «génocide» au Tibet dans les années 1980-90.

Le tribunal de l'Audience nationale à Madrid se considère compétent pour enquêter sur ce cas puisque l'un des plaignants, le Tibétain en exil Thubten Wangchen, possède la nationalité espagnole et que la justice chinoise n'a pas encore ouvert d'enquête sur ces allégations.

La justice espagnole se reconnaît depuis 2005 une compétence universelle pour poursuivre les crimes de masse tels que le génocide, à condition qu'ils n'aient pas déjà fait l'objet d'une enquête dans le pays concerné.

Dans une décision publiée mardi, l'Audience nationale estime qu'il existe des «indices de la participation» à ces faits de Jiang Zemin, de Li Peng ainsi que de trois autres responsables politiques de l'époque.

Et ce, en raison «de la responsabilité politique et militaire de chacun d'eux durant la longue période faisant l'objet de l'enquête». Au vu de ces éléments, l'Audience nationale «estime nécessaire d'autoriser la délivrance de mandats d'arrêt internationaux» contre eux.

La plainte avait été déposée notamment par le Comité de Soutien au Tibet (CAT) et la fondation «Maison du Tibet» contre ces cinq personnes pour «génocide, crimes contre l'humanité, torture et terrorisme contre le peuple tibétain» dans les années 1980-90.

Les trois autres personnes sont l'ex-chef de la sécurité Qiao Shi, Chen Kuiyan, ex-secrétaire du parti communiste pour la région du Tibet, et Peng Pelyun, ministre de la Planification familiale dans les années 80.

Le 11 octobre, l'Audience nationale avait étendu l'enquête à l'ex-président Hu Jintao, qui n'est plus couvert par son immunité présidentielle depuis qu'il a quitté ses fonctions en novembre 2012.

Elle avait estimé, comme les plaignants, que Hu Jintao «était compétent et avait l'autorité suffisante pour mener une série d'actions et de campagnes visant à harceler le peuple tibétain».

Et ce parce qu'il «était secrétaire du Parti communiste chinois dans la région du Tibet, pendant les différentes campagnes de répression au Tibet menées dans les années 1988-1992».

De plus, la cour avait rappelé l'existence de résolutions de l'ONU reconnaissant que «les autorités chinoises ont décidé de mener une série d'actions visant à éliminer le particularisme et l'existence du pays tibétain en imposant la loi martiale, au moyen de déplacements forcés, de campagnes de stérilisation de masse, de tortures des dissidents».