La Birmanie a annoncé vendredi la libération de 69 prisonniers politiques supplémentaires, en pleine visite d'une délégation européenne menée par la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton.

«Le président a accordé l'amnistie à 69 prisonniers qui étaient sur la liste» du comité responsable du dossier, a annoncé la présidence, au lendemain de la rencontre du président Thein Sein avec Mme Ashton.

«L'amnistie a été accordée à partir du 15 novembre», a précisé l'administration du président réformateur, qui a promis de libérer tous les détenus de conscience d'ici à la fin de l'année.

Aucune liste des prisonniers libérés n'a été diffusée dans un premier temps, mais les autorités ont précisé qu'il s'agissait de détenus de plusieurs prisons du pays, dont trois de la prison Insein de Rangoun.

La présidence birmane a rappelé dans son communiqué son engagement à «continuer à oeuvrer à l'amnistie de tous les prisonniers politiques avant la fin décembre 2013», sans cependant préciser combien de prisonniers restaient à libérer.

Selon Ye Yaung, représentant d'anciens prisonniers politiques au sein du comité chargé de l'amnistie, ils seraient une soixantaine à rester à libérer.

Selon lui, certains des prisonniers relâchés avaient été arrêtés récemment, notamment un manifestant opposé à un projet de mine de cuivre exploité avec la Chine dans le centre de la Birmanie.

Figurent également aussi selon lui parmi les amnistiés deux petits-fils du dictateur Ne Win, qui avaient été condamnés pour trahison en 2002, avec d'autres membres de leur famille, accusés d'avoir fomenté un coup d'État.

La dernière annonce d'une libération collective, de 56 prisonniers politiques, remonte à début octobre, juste avant la participation du président Thein Sein à un sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-est (ASEAN) à Brunei.

La plupart des détenus concernés par l'amnistie d'octobre étaient des membres de groupes rebelles de la minorité kachin et de la minorité shan.

Depuis la dissolution de la junte en mars 2011, le régime a libéré en plusieurs vagues des centaines d'opposants, moines, journalistes et avocats.

Mais il a également été accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'utiliser ces amnisties au compte-gouttes pour gagner les faveurs des capitales étrangères au moment d'échéances diplomatiques importantes.

C'est à l'occasion de sa première visite à Londres en juillet que le président avait promis la libération de tous les prisonniers de conscience d'ici à la fin de l'année.

La junte au pouvoir pendant près d'un demi-siècle avait toujours nié l'existence des prisonniers politiques. Mais fin 2012, Thein Sein avait annoncé la création d'un comité pour les «définir» au sein de la population carcérale.

L'ancien général est crédité de réformes spectaculaires depuis deux ans, notamment le retour au coeur du jeu politique légal de l'opposante Aung San Suu Kyi, aujourd'hui députée. Des changements qui ont permis la levée de presque toutes les sanctions occidentales.

Le président Thein Sein et Catherine Ashton ont ouvert ensemble vendredi matin une session plénière dans le cadre d'une «Task Force» Birmanie-Union européenne, consacrée à la coopération économique, mais aussi aux réformes politiques, notamment dans la perspective des élections législatives de 2015 en Birmanie, qui pourraient ouvrir la voie de la présidence à Aung San Suu Kyi.

Thein a également rencontré jeudi l'ex-président américain Bill Clinton, en visite dans le pays, où se trouvait également vendredi l'ex-premier ministre britannique Tony Blair.