Cinq manifestants réclamant la démission de la première ministre, Mme Sheikh Hasina, ont été tués par les forces de sécurité vendredi au Bangladesh où les manifestations anti-gouvernementales ont rassemblé plus de 100 000 opposants dans la capitale, Dacca, a-t-on appris de source policière.

Plus de 100 000 personnes ont manifesté à Dacca, mais c'est en province que les forces de maintien de l'ordre ont fait feu contre des opposants qui répondaient à l'appel du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et de ses alliés islamistes.

Dans le sud du pays, «les gardes-frontière ont tiré car les activistes du BNP ont enfreint l'interdiction de rassemblement et attaqué les forces de l'ordre», a dit un responsable de la police de l'agglomération de Cox's Bazaar, Babul Akter, à l'AFP. «Deux ont été tués et plusieurs touchés par balles», a-t-il ajouté.

Deux autres manifestants ont été tués par balles à Chandpur, dans le centre du pays, après des affrontements entre partisans du pouvoir et de l'opposition, a indiqué à l'AFP le chef de la police locale Amir Jafar. «Les policiers ont tiré après que les opposants du BNP les eurent attaqués avec des armes et de petits engins explosifs», a-t-il dit.

Enfin, un manifestant a été tué à Jaldhaka (nord) lorsque le bataillon d'élite d'action rapide a fait feu sur une foule d'environ 10 000 opposants du parti islamiste Jamaat-e-Islami, a indiqué à l'AFP le chef de la police locale, Mohammad Moniruzzman.

Le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et ses alliés islamistes ont appelé à des rassemblements dans tout le pays pour forcer le premier ministre à démissionner avant les élections générales de janvier et pour demander la mise en place d'un gouvernement de transition afin de superviser le scrutin.

Le chef du BNP, Khaleda Zia, a renouvelé à Dacca devant ses partisans, estimés par la police à plus de 100 000 personnes, sa menace de boycotter le scrutin de janvier et mis en demeure le chef du gouvernement d'engager d'ici dimanche le dialogue sur ses exigences.

«Il n'y aura pas d'élection avec Hasina. Nous ne permettrons pas d'élection avec un parti unique. Le scrutin doit réunir tous les partis et être organisé par un gouvernement de transition neutre», a-t-elle dit, annonçant de nouvelles manifestations de dimanche à mardi.

Selon des témoins et des responsables du BNP, le chiffre de 100 000 manifestants annoncé par la police doit être au moins multiplié par 2.

Les tensions politiques se sont avivées depuis que le parti au pouvoir, la Ligue Awami, a rejeté jeudi les demandes de l'opposition.

Mme Zia, déjà deux fois premier ministre, a qualifié le gouvernement d'illégal, citant un texte de loi prévoyant que les élections doivent être organisées par un gouvernement de transition mis en place trois mois avant le scrutin.

Mais le parti au pouvoir a abrogé cette disposition en 2011, attribuant la supervision du scrutin à une Commission électorale.

L'année 2013 est la plus meurtrière au Bangladesh depuis l'indépendance en 1971, au moins 150 personnes ayant été tuées dans des heurts à la suite de condamnations à mort de leaders islamistes pour des violences perpétrées pendant la guerre d'indépendance.