Un prince cambodgien, cousin du roi Norodom Sihamoni et membre de l'opposition, a entamé vendredi une grève de la faim pour réclamer la «justice» pour les électeurs après la victoire contestée du premier ministre Hun Sen aux élections.

«Je serai en grève de la faim jusqu'à ce qu'il y ait une solution pour rendre justice au peuple, c'est-à-dire aux électeurs», a déclaré à la presse le prince Sisowath Thomico, membre du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) du chef de l'opposition Sam Rainsy.

Le prince, qui a commencé son mouvement sur le site d'un temple de Phnom Penh, a accusé le Parti du peuple cambodgien (CPP) de Hun Sen d'avoir organisé un «coup d'État froid» et de chercher à créer un conflit entre le peuple et le roi.

Selon les résultats officiels des législatives du 28 juillet, le CPP a remporté 68 sièges, contre 55 au CNRP. Mais ce dernier revendique la victoire, réclame une enquête indépendante sur des fraudes qu'il juge massives, et a promis de boycotter la première session du parlement lundi si cette revendication n'était pas satisfaite.

«Nous ne participerons pas à la session le 23 septembre», a déclaré Sam Rainsy vendredi lors d'une conférence de presse. «Si la session du 23 a lieu sans le CNRP, cela constituera une violation de la Constitution», a-t-il ajouté, appelant à de nouvelles discussions avec le pouvoir.

Sihamoni avait envoyé il y a quelques jours une lettre aux 55 députés de l'opposition leur demandant de renoncer à leur boycottage, au nom de l'«unité nationale».

Dans une réponse vendredi, Rainsy a appelé le roi à reporter l'ouverture de la session parlementaire en attendant une «solution pacifique».

Rainsy et Hun Sen se sont rencontrés plusieurs fois ces derniers jours, leurs partis respectifs assurant de progrès vers la résolution de la crise politique. Mais la création d'une commission d'enquête sur les fraudes reste un point d'achoppement.

Dimanche dernier, la capitale avait été secouée par de violents heurts qui avaient fait un mort et plusieurs blessés en marge d'une manifestation de l'opposition réunissant quelque 20 000 personnes.

Des organisations de défense des droits de l'Homme ont accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré à balles réelles.

L'opposition a évoqué vendredi la possibilité de nouvelles manifestations si la crise n'était pas résolue.