Le roi Norodom Sihamoni du Cambodge a appelé l'opposition, qui conteste la victoire aux élections du parti au pouvoir, à ne pas boycotter le Parlement comme elle le prévoit, mettant en avant l'«unité nationale».

Dans une lettre vue par l'AFP, envoyée aux 55 députés du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) du chef de l'opposition Sam Rainsy, le roi a indiqué qu'il présiderait la première session du Parlement prévue lundi.

«Je voudrais inviter vos excellences à participer à la première session de l'Assemblée nationale pour faire preuve d'unité nationale», a-t-il écrit.

Les responsables de l'opposition n'ont pas pu être joints pour commenter ce message.

C'est la première fois que Sihamoni, chef d'État officiel qui n'a aucun pouvoir politique, intervient dans une crise politique depuis sa montée sur le trône en 2004.

Son père, Norodom Sihanouk, avait, lui, plus l'habitude d'intervenir en politique, en particulier lors de précédentes crises post-électorales.

Selon les résultats définitifs officiels, le Parti du peuple cambodgien (CPP) du premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis près de trente ans, a conservé sa majorité au Parlement à l'issue des élections de juillet, avec 68 sièges contre 55 au CNRP.

Mais l'opposition a rejeté ces résultats, revendiquant la victoire avec 63 sièges sur 123. Elle a également réclamé en vain une enquête indépendante sur les fraudes qu'elle a jugées massives, menaçant de boycotter la session de lundi si cette revendication n'était pas satisfaite.

Mardi, après une nouvelle rencontre entre Hun Sen et Sam Rainsy, leurs partis respectifs avaient assuré avoir fait des progrès vers la résolution de cette impasse politique.

La veille, les deux hommes s'étaient déjà mis d'accord sur trois points: respecter l'appel à la non-violence lancé par le roi, poursuivre les négociations pour résoudre la crise actuelle et procéder, dans un avenir plus lointain, à une réforme électorale.

Ces discussions sont intervenues alors que la capitale a été secouée dimanche par de violents heurts qui ont fait un mort et plusieurs blessés en marge d'une manifestation de l'opposition réunissant quelque 20 000 personnes.

Les forces de l'ordre ont utilisé gaz lacrymogènes et canons à eau contre des manifestants qui leur jetaient des pierres. Des organisations de défense des droits de l'Homme ont accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré à balles réelles.

Six hommes ont été inculpés pour violence intentionnelle et destruction de biens publics après ces violences, selon des défenseurs des droits de l'Homme.