Le chef des rebelles indépendantistes musulmans qui affrontent les forces philippines à Zamboanga, une ville du sud de l'archipel, s'est déclaré prêt à négocier un cessez-le-feu, a annoncé vendredi la vice-présidence des Philippines.

Le vice-président Jejomar Binay a parlé au chef du Front moro de libération nationale (MNLF) Nur Misuari et au secrétaire philippin à la Défense Voltaire Gazmin, «et ils sont tombés d'accord pour discuter d'un cessez-le»feu», a déclaré à l'AFP Joey Salgado, porte-parole du vice-président.

M. Binay a proposé qu'un cessez-le-feu prenne effet samedi à 16 h GMT (midi à Montréal), a ajouté le porte-parole.

Plus tôt dans la journée de vendredi, le président des Philippines Benigno Aquino s'est rendu à Zamboanga, cible depuis le début de cette semaine de cette attaque des rebelles musulmans indépendantistes.

Selon la présidence, M. Aquino a qualifié l'attaque contre Zamboanga et sa périphérie d'«acte désespéré» pour faire échouer les négociations pour un accord de paix entre Manille et les groupes indépendantistes du sud du pays.

Quelque 180 rebelles du MNLF ont débarqué lundi à l'aube sur la côte près de Zamboanga, une ville portuaire de près d'un million d'habitants située sur l'île de Mindanao.

Depuis le début de l'attaque des rebelles, qui ont proclamé «l'indépendance» de cette ville, les combats ont causé la mort d'au moins 22 personnes et fait 52 blessés. Dix-neuf des rebelles se sont rendus ou ont été capturés, selon Ramon Zagala, un porte-parole de l'armée.

Quelque 200 civils sont, par ailleurs, retenus en otages par les attaquants, qui les utilisent comme boucliers humains, notamment dans les quartiers ou villages périphériques, au bord de la côte.

«Nous n'avons pas fixé d'échéance, mais il y a des points sur lesquels nous ne lâcherons pas. S'ils font du mal aux otages, s'ils provoquent des incendies, ou s'ils franchissent d'autres lignes rouges, nos forces de sécurité feront ce qu'elles doivent faire», a déclaré M. Aquino à la presse.

Un nouvel incendie s'est déclaré vendredi dans le quartier de Santa Catalina, selon des images de la télévision ABS-CBN.

Selon Ariel Huesca, porte-parole de la police, les zones occupées par les rebelles «se rétrécissent». «Les soldats se rapprochent des positions du MNLF, afin de limiter les mouvements» des rebelles, a-t-il ajouté auprès de l'AFP.

Le MNLF, mené par Nur Misuari, un ancien professeur d'université, s'estime marginalisé par les négociations en cours entre le gouvernement et les groupes séparatistes, qui ont pour but de créer une région autonome - et non indépendante - dans le sud des Philippines, majoritairement musulman dans le plus grand pays catholique d'Asie.

Benigno Aquino, élu en 2010, a fait de la signature d'un véritable accord de paix l'un des principaux objectifs de son mandat, qui s'achève en 2016.

L'île méridionale de Mindanao, où se trouve Zamboanga, dispose d'importantes ressources naturelles, mais est une des régions les plus déshéritées de ce pays déjà pauvre, en raison de décennies de violences. On estime que plusieurs zones de l'île échappent de fait au contrôle de l'État.

La guérilla indépendantiste, qui a débuté dans les années 1970, a fait 150 000 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Depuis 2003, date d'un cessez-le-feu, la violence meurtrière, à défaut de la pauvreté, a cependant baissé d'intensité.