Le tribunal pour les Khmers rouges a subi lundi un nouveau coup, avec la démission d'un procureur international, dernière défection au sein d'une instance en pleine crise.

Le vice-procureur Andrew Cayley a expliqué dans un communiqué démissionner pour des «raisons personnelles». «Je ne pars pas du tout parce que je suis découragé par le tribunal», a déclaré à l'AFP cet avocat britannique, nommé vice-procureur en décembre 2009.

Mais ce départ intervient dans un contexte difficile pour le tribunal, dont une partie importante des 250 salariés vient d'entamer une deuxième semaine de grève, leurs salaires ne leur ayant pas été payés depuis juin.

«Bien sûr, la situation financière du tribunal est frustrante pour nous tous», a cependant concédé l'avocat britannique.

La démission d'Andrew Cayley succède à celle de trois avocats étrangers et de deux juges ces deux dernières années, au sein de ce tribunal international, soutenu par l'ONU et situé à Phnom Penh.

L'ONU presse le Cambodge d'honorer ses obligations de payer les salaires des 250 employés locaux du tribunal. Le Cambodge affirme de son côté n'avoir «plus de budget disponible» pour lui.

Le tribunal, financé essentiellement par le Japon, l'Union européenne et l'Australie, a besoin d'urgence d'environ 3 millions de dollars pour couvrir les coûts d'exploitation jusqu'à la fin de cette année.

Neth Pheaktra, porte-parole du tribunal, a assuré lundi que l'ONU, le Cambodge, des donateurs et responsables de la Cour étaient en discussion pour trouver une sortie de crise.

«Mais pour l'heure, il n'y a pas de solution», a-t-il précisé.

Les appels à accélérer les procédures pour les deux derniers accusés se sont multipliés. Cette situation est le résultat d'un bras de fer financier entre bailleurs et le gouvernement de Hun Sen, un ex-Khmer rouge devenu premier ministre en 1985, accusé de ne rien faire pour sauver l'institution de la débâcle.

La juridiction n'a prononcé qu'un seul jugement définitif depuis son entrée en vigueur en 2006, une réclusion à perpétuité pour «Douch», l'ex-directeur de la prison de Phnom Penh et responsable de 15 000 morts.

Aujourd'hui, la cour ne juge plus que l'ancien idéologue du régime Nuon Chea et le chef de l'État du «Kampuchéa démocratique», Khieu Samphan.

Les deux plus hauts responsables du régime encore vivants, tous deux octogénaires, sont accusés de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.