L'armée a été déployée dans plusieurs villages du nord de l'Inde après la mort de 28 personnes dans des violences intercommunautaires pendant le week-end, a indiqué lundi la police.

Ces affrontements ont eu lieu dans une zone de l'État de l'Uttar Pradesh, à une centaine de kilomètres au nord-est de New Delhi, où de fortes tensions interreligieuses entre hindous et musulmans avaient provoqué des heurts meurtriers dans les années 1990.

L'armée a pris position principalement dans le district de Muzaffarnagar où des habitants ont tenté de trouver refuge dans des postes de police, selon des images de télévision. Dans cette zone, quelque 38% de la population est musulmane et le reste essentiellement hindou.

«Le bilan est désormais de 28 personnes décédées et 90 personnes ont été arrêtées», a dit Arun Kamar, un responsable de la police de l'État, ajoutant que «la situation est sous contrôle». Aucun nouvel incident n'était signalé lundi matin.

L'une des victimes est un journaliste de la télévision locale IBN7.

Le chef du gouvernement de l'État de l'Uttar Pradesh, Akhilesh Yadav, a lancé un appel au calme.

«Nous ne ferons preuve d'aucune indulgence envers les fauteurs de trouble. Les forces de l'ordre ont carte blanche pour contrôler la situation», a-t-il prévenu.

Les violences ont débuté samedi soir lors d'un rassemblement de plusieurs milliers de paysans hindous venus demander justice après la mort de trois hommes qui dénonçaient le harcèlement subi par une femme, selon plusieurs médias.

Ces paysans ont été attaqués lors de leur retour chez eux, déclenchant des affrontements dans plusieurs villages et l'armée a dû intervenir pour maîtriser la situation. Selon la chaîne d'information NDTV, quelque 800 militaires ont été déployés.

Le parti au pouvoir dans cet État, le Samajwadi Party (littéralement parti socialiste) a récemment accusé le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou, d'alimenter les tensions.

Un responsable du BJP de cet État, Hukum Singh, a rejeté ces accusations, estimant que les autorités recherchaient un «bouc émissaire» après ces violences.

L'État de l'Uttar Pradesh a été le théâtre d'émeutes intercommunautaires meurtrières en 1992 après la destruction d'une mosquée par des hindous. Quelque 2000 personnes, essentiellement des musulmans, avaient été tuées lors de violents affrontements.

La mosquée de Babur, située à Ayodhya, était construite sur un site revendiqué par les hindous et les musulmans. Sa destruction avait déclenché la colère des musulmans.

Le gouvernement indien s'est récemment inquiété d'une hausse des violences communautaires depuis un an, à l'approche des élections législatives prévues en 2014.