Un millier d'émeutiers antimusulmans ont incendié des commerces et des habitations dans une nouvelle explosion de violences intercommunautaires en Birmanie, ont annoncé les autorités dimanche.

La police a procédé à des tirs de sommation à trois reprises lorsqu'une foule a voulu mettre le feu à des habitations et a attaqué des voitures de pompiers qui tentaient d'éteindre les incendies dans le village de Kanbalu dans la région de Sagaing, selon un communiqué publié sur le site web du ministère de l'Information.

«Les forces de sécurité locales sont intervenues pour retenir une foule d'un millier de personnes, qui tentaient d'incendier une maison. Mais la foule a continué à tirer avec des lance-pierres, et la situation est devenue incontrôlable» pouvait-on lire dans le communiqué.

Les émeutes ont éclaté samedi soir après l'arrestation d'un musulman soupçonné de tentative de viol d'une bouddhiste à Kanbalu, précise le communiqué.

Une foule d'environ 150 personnes et trois moines bouddhistes étaient rassemblés devant le poste de police hier soir, exigeant que l'homme leur soit livré.

La police ayant refusé, la foule de plus en plus nombreuse, s'en est prise aux maisons et commerces appartenant à des musulmans dans les environs.

Il s'agit du premier incident antimusulman signalé dans la région de Sagaing.

La Birmanie a connu plusieurs épisodes de violences intercommunautaires --principalement dirigées contre les musulmans--, dans ce pays majoritairement bouddhiste, ce qui a jeté une ombre au tableau des réformes du gouvernement qui a succédé à la junte dissoute en 2011.

Les organisations de défense des droits de l'homme ont accusé les autorités birmanes d'être incapables de contenir la violence, voire de ne pas souhaiter intervenir dans ce sens. Les autorités ont rejeté ces accusations.

Au cours de ce dernier incident, un responsable de la police locale a indiqué que le suspect se serait approché d'une femme de 25 ans, «a saisi sa main et tenté de la violer».

Aucun blessé n'a été signalé, mais selon le communiqué, 20 habitations au moins ont été détruites, de même qu'une dizaine de commerces et une usine.

Dix voitures de pompiers ont combattu les incendies et le ministère a indiqué que des forces de sécurité étaient intervenues depuis tôt dimanche «pour rétablir le calme».

Le moine bouddhiste radical Wirathu, accusé d'alimenter la violence par ses discours islamophobes et nationalistes, a posté un commentaire sur cet incident sur sa page Facebook.

Utilisant le mot «kalar», terme péjoratif désignant les Rohingyas et les Bengalis vivant dans l'ouest du pays, il a désigné les musulmans en général comme étant les fauteurs de troubles.

«Les kalars sont des fauteurs de troubles. Quand il y a un kalar quelque part, il y a forcément un problème aussi», a-t-il déclaré.

En 2012, deux vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de l'ethnie rakhine avaient fait plus de 200 morts et 140 000 déplacés dans l'État Rakhine, en majorité des Rohingyas, considérés par le gouvernement comme des immigrants illégaux du Bangladesh.

En mars, des dizaines de personnes ont été tuées dans la région de Meiktila dans des violences antimusulmanes.

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Birmanie, Tomas Ojea Quintana, a accusé la semaine dernière le régime d'avoir «manqué à son devoir de le protéger» après que son convoi eut été attaqué lors d'un déplacement dans le pays.