La famille d'un homme d'affaires britannique assassiné en Chine est proche de parvenir à un accord de dédommagement avec les représentants de l'épouse du dirigeant déchu Bo Xilai, condamnée pour ce meurtre, a annoncé un avocat lundi.

«Les deux parties sont parvenues à un accord préalable et elles discutent pour trouver la solution qui soit le plus bénéfique à (la famille de) la victime», a déclaré He Zhengsheng, l'avocat de la famille de Neil Heywood.

Selon l'avocat, qui a donné ces détails sur son compte de microblogue, le gouvernement chinois a facilité les discussions et «s'est montré satisfait que les parties tentent de régler cette affaire par la négociation».

Le montant du dédommagement en discussion est «un sujet d'ordre privé entre les deux parties», a-t-il ajouté.

Dans une déclaration publiée lundi par le Wall Street Journal, la mère de Neil Heywood, Ann Heywood, avait indiqué que la disparition de son fils laissait les deux enfants de ce dernier sans ressources financières.

Elle s'était également dite «déçue» que les autorités chinoises n'aient pas engagé un contact suivi avec la famille de Neil Heywood après le meurtre de ce dernier en novembre 2011 à Chongqing, métropole géante du centre de la Chine.

Gu Kailai, épouse de Bo Xilai, avait été reconnue coupable en août 2012 de cet assassinat, à l'origine d'un scandale qui a fortement ébranlé le Parti communiste au pouvoir.

Mme Gu a été condamnée à la peine de mort avec sursis, une sentence vouée à être commuée en réclusion à perpétuité.

Neil Heywood était resté longtemps proche de la famille Bo avant que leurs relations ne virent à l'aigre.

Le procès de Bo Xilai s'ouvrira lui jeudi matin. L'ancien dirigeant devra répondre de corruption, d'abus de pouvoir et d'entrave à l'enquête criminelle concernant son épouse.

Démission d'une experte

Une experte en médecine légale chinoise qui avait mis en doute des éléments de preuve ayant servi à condamner pour meurtre Mme Gu a démissionné de son poste, a rapporté lundi la presse à Pékin.

Wang Xuemei avait relevé des incohérences dans la thèse officielle de l'empoisonnement de la victime.

Mme Wang avait notamment estimé qu'une intoxication au cyanure n'était pas compatible avec l'état du corps du Britannique tel qu'il avait été retrouvé en novembre 2011 dans un luxueux hôtel de Chongqing, mégapole alors dirigée par Bo Xilai.

L'experte a démissionné de son poste de vice-présidente de l'Association chinoise de médecine légale, a indiqué le journal Global Times. Elle conserve les autres fonctions qu'elle occupe au parquet chinois, où elle est adjointe au directeur du bureau du procureur.

Dans une vidéo rendue publique ce week-end, Wang Xuemei a toutefois assuré démissionner pour marquer son insatisfaction concernant une autre procédure judiciaire.

La semaine dernière les autorités chinoises avaient annoncé relever de ses fonctions le magistrat qui avait condamné l'ancien chef policier Wang Lijun, déclencheur de la retentissante affaire Bo Xilai.

La raison de cette décision, qui pourrait être un limogeage déguisé, n'avait pas été donnée officiellement. Certains internautes ont toutefois estimé que le juge était écarté, car il en savait trop.

Au terme de son procès, dont la durée prévue n'a pas été précisée, Bo Xilai sera très vraisemblablement condamné, les tribunaux en Chine opérant sous le contrôle direct de la direction communiste. Les juges ne se risquent pas à contester les accusations formulées par le parti unique.