Un attentat à la bombe perpétré tôt mercredi près d'un stade de football d'un quartier sensible de la métropole pakistanaise Karachi (sud) a fait au moins sept morts, dont de jeunes joueurs de foot, et 26 blessés, selon la police locale.

L'explosion s'est produite après un match de football à Lyari, faubourg qui a fourni au Pakistan certains des meilleurs joueurs de son histoire, mais qui est aujourd'hui ravagé par une «guerre de gangs» meurtrière.

Quelques milliers de spectateurs quittaient le stade après la finale du championnat local entre le «Baba Ladla 99» et le «Baba Ladla 92», nom d'un célèbre gangster de Lyari, lorsque la bombe a détoné à proximité de la voiture de l'invité d'honneur de la soirée, Javed Nagori, un ministre provincial.

«La bombe, qui avait été placée sur une moto parquée à l'extérieur du stade, a tué sept personnes, dont plusieurs adolescents», a dit à l'AFP un haut responsable de la police locale, Tariq Dharejo.

Il s'agissait d'une bombe déclenchée à distance, a-t-il précisé.

Selon une élue locale du Parti du peuple pakistanais (PPP), l'explosion a fait 11 morts, des enfants ou adolescents âgés de 6 à 15 ans selon elle, un bilan que n'a toutefois pas confirmé la police.

La ville de Karachi est contrôlée principalement par le MQM, parti dont les soutiens sont concentrés chez les mohajirs, des musulmans ayant fui l'Inde depuis la partition des Indes britanniques en 1947 ayant donné naissance au Pakistan.

Le quartier historique de Lyari, où vit une forte communauté provenant de la province pakistanaise du Baloutchistan, demeure un rare fief du PPP dans cette ville de 18 millions d'habitants.

La police de Karachi enquêtait mercredi pour savoir si cet attentat avait été perpétré par des rebelles sécessionnistes baloutches, des islamistes armés ou était le fruit des «rivalités politiques» entre le PPP et le MQM pour le contrôle de Lyari, a précisé M. Dhajero.

L'attaque a tué de jeunes espoirs du foot pakistanais tel Abdul Basit, 15 ans, contraint d'abandonner ses études pour travailler comme mécano dans un garage.

Ce jeune adorateur du ballon, qui portait avec fierté le maillot jaune de la sélection brésilienne, «rêvait de rencontrer au moins une fois dans sa vie Lionel Messi», star argentine du FC Barcelone, a raconté à l'AFP Aurangzeb Shahmir, ancien joueur de l'équipe nationale pakistanaise qui connaissait bien l'adolescent.

«Cette attaque va faire du mal au football et aux fans de Lyari pour les mois à venir», a regretté Shahmir qui assistait d'ailleurs au match avec son fils de six ans.

«Si le gouvernement ne fait rien pour imposer la loi et l'ordre, le quartier de Karachi le plus attaché à ce sport ne sera bientôt pour lui qu'un souvenir», a renchéri Ahmad Jan, ancien arbitre pakistanais de la FIFA.

Poumon économique du Pakistan, responsable à elle seule de 42% du PIB du pays, Karachi est en proie à une forte criminalité et à des violences politiques et ethniques récurrentes.

L'an dernier, plus de 2000 personnes ont été assassinées dans cette ville, pire bilan depuis qu'on a entamé ce décompte au début des années 90.