Le secrétaire d'État américain John Kerry a transmis jeudi au premier ministre pakistanais Nawaz Sharif une invitation du président Barack Obama à des discussions sur les relations bilatérales et la lutte contre les talibans.

«Afin de poursuivre nos importantes conversations bilatérales au plus haut niveau, j'ai remis au premier ministre Sharif, au nom du président des États-Unis, une invitation à le rencontrer lors d'un sommet bilatéral aux États-Unis à l'automne prochain», a déclaré John Kerry lors d'une conférence de presse à Islamabad.

La rencontre entre le chef du gouvernement pakistanais et M. Obama pourrait avoir lieu «dans un mois à peu près aux États-Unis», a-t-il précisé.

M. Kerry s'est entretenu avec les responsables pakistanais pour les exhorter à renforcer les opérations contre les insurgés islamistes près de la frontière afghane, alors que les troupes américaines se préparent à quitter l'Afghanistan à la fin de 2014.

La visite de M. Kerry est la première d'un chef de la diplomatie américaine depuis celle de Hillary Clinton en octobre 2011. A l'époque, Mme Clinton avait déjà exhorté Islamabad à démanteler les bastions insurgés dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.

Les relations bilatérales ont connu une crise particulièrement grave après l'exécution en mai 2011 par un commando américain du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, qui vivait caché en territoire pakistanais.

Par ailleurs, Islamabad proteste régulièrement contre les nombreuses attaques de drones américains visant des extrémistes islamistes réfugiés dans les zones tribales du nord-ouest.

Le Pakistan considère que ces opérations constituent une atteinte à sa souveraineté, mais les États-Unis estiment qu'elles sont un élément clé de la lutte contre les groupes extrémistes dans la région.

Le Pakistan est lui-même le théâtre de très nombreux attentats sur son territoire qui ont fait plus de 40.000 morts depuis 2001.

Le nouveau premier ministre Sharif a déclaré qu'il voulait renforcer les relations entre Islamabad et Washington, mais que les États-Unis devaient davantage tenir compte des préoccupations du Pakistan à propos des frappes de drones.

Outre l'insurrection islamiste, le Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, fait face à de graves difficultés économiques et à une crise énergétique.

Selon John Kerry, les deux pays sont convenus de reprendre leur dialogue stratégique pour un «partenariat plus profond, plus large et global» après deux années d'une relation tumultueuse.

«Je peux vous dire de façon univoque que nous partageons une vision à long terme et je crois que le premier ministre Nawaz Sharif est résolu à essayer de développer cette relation», a poursuivi M. Kerry.

Le secrétaire d'État devait également rencontrer le président sortant Asif Ali Zardari, auquel succédera prochainement Mamnoon Hussain, élu président mardi par le parlement pakistanais, et le chef de l'état-major des forces armées, le général Ashfaq Kayani.