La décontamination et le nettoyage de la région autour de la centrale de Fukushima pourraient coûter jusqu'à 5800 milliards de yens (près de 60 milliards de dollars) selon une étude officielle, alors qu'une troisième émanation de vapeur a été constatée mercredi au-dessus du bâtiment d'un réacteur.

Selon l'Institut national des sciences et technologies industrielles, les opérations de nettoyage et de décontamination coûteraient cinq fois plus cher que ce qui était initialement estimé et budgété par le gouvernement.

«Nous espérons que cette étude aidera à établir des plans de décontamination des forêts et des régions agricoles, et favorisera également le retour des habitants chez eux», indique l'Institut dans son rapport rendu public mardi.

Le coût chiffré par l'Institut varie selon les scénarios retenus : l'un prévoit le transport et le stockage de sol contaminé en zones agricoles, un autre évoque une hypothèse où la terre des zones contaminées serait simplement retournée.

Le rapport a été publié alors que pratiquement chaque jour une mauvaise nouvelle arrive de la centrale de Fukushima, et que son opérateur est de plus en plus la cible de critiques ouvertes des autorités.

Lundi, après avoir affirmé le contraire, Tokyo Electric Power (TEPCO) a admis que l'eau contaminée par la radioactivité s'était finalement écoulée dans l'océan Pacifique tout proche de la centrale, soit une semaine après l'alerte donnée par l'autorité de sûreté nucléaire sur une possible fuite.

Cette lenteur à admettre la fuite est «extrêmement déplorable», a fustigé mardi le ministre du Commerce Toshimitsu Motegi, tandis que le puissant secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, a estimé que ce genre d'information grave aurait dû «être révélée rapidement».

Mercredi, TEPCO n'a cette fois pas perdu de temps pour annoncer une nouvelle émanation de vapeur au-dessus du bâtiment du réacteur n° 3 de la centrale, la troisième en une semaine.

La compagnie a affirmé que les mesures effectuées n'avaient révélé aucune augmentation d'émanations radioactives, ajoutant toutefois qu'elle ignorait toujours l'origine de cette vapeur, l'une des hypothèses étant l'évaporation d'eau de pluie accumulée.

Vendredi dernier, TEPCO avait également dû admettre que près de 2000 travailleurs de la centrale accidentée présentaient un risque accru de cancer de la thyroïde.

Ce chiffre représente près de 10 % de l'ensemble des ouvriers ayant travaillé sur le site et qui ont eu la thyroïde exposée à des doses cumulées de radiations supérieures à 100 millisieverts.

Ces mauvaises nouvelles en série arrivent alors qu'après sa victoire aux élections sénatoriales de dimanche dernier, le premier ministre conservateur Shinzo Abe a désormais tous les leviers politiques en main et devrait favoriser le redémarrage de réacteurs nucléaires dans l'archipel, comme l'y poussent les milieux patronaux.

Avant les sénatoriales, l'ensemble des partis d'opposition avait fait campagne contre le nucléaire.

Quelque 48 des 50 réacteurs du pays sont actuellement à l'arrêt, notamment par mesure de précaution, depuis l'accident de Fukushima.