La Corée du Nord a annoncé mercredi qu'elle coupait la ligne téléphonique d'urgence avec le Sud, rompant ainsi le dernier lien direct entre les deux pays, une nouvelle étape dans la montée des tensions sur la péninsule après les menaces de Pyongyang contre Séoul et les États-Unis.

Peu avant, le Nord avait aussi annoncé la tenue avant fin mars d'une réunion au plus haut niveau de ses dirigeants pour décider de questions «importantes», et promis un «tournant capital».

«À partir de maintenant, toutes les communications militaires Nord-Sud sont coupées», a indiqué l'agence de presse gouvernementale nord-coréenne KCNA, citant un haut responsable militaire.

«Dans une situation où une guerre peut éclater à tout moment, il n'est plus besoin de maintenir» ces communications, a ajouté ce responsable. La ligne sera suspendue «aussi longtemps que dureront les actes hostiles et anachroniques du Sud».

À la mi-mars, le Nord avait déjà interrompu ce téléphone rouge, lien de communication entre les gouvernements en cas d'urgence, qui date de 1971. Cette ligne avait auparavant été suspendue à cinq reprises par le Nord.

Depuis début mars et l'adoption de nouvelles sanctions par l'ONU à l'égard de Pyongyang, la Corée du Nord a musclé encore un peu plus sa rhétorique belliqueuse, menaçant régulièrement Séoul et son allié Washington de «frappes stratégiques» et de «guerre totale».

Les sanctions de l'ONU étaient une riposte au test nucléaire conduit le 12 février par le Nord. Les tensions sur la péninsule avaient déjà grimpé d'un cran début décembre, après le lancement réussi d'une fusée par Pyongyang, un acte interdit par les sanctions de l'ONU prises précédemment.

Les États unis «prêts à répondre»

Mercredi matin, KCNA a par ailleurs indiqué que le comité central du Bureau politique du parti communiste tiendrait une session plénière avant la fin du mois pour «discuter et décider de questions importantes, pour l'avancée victorieuse de la révolution coréenne».

Cette réunion marquera également «un tournant capital» dans l'accomplissement du Juche, l'idéologie nord-coréenne qui repose notamment sur l'autosuffisance économique.

Le Comité du Nord pour la réunification pacifique de la Corée, une agence gouvernementale chargée de la propagande, s'en est pris également à la nouvelle présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye, qui avait averti le Nord qu'il courait à sa perte s'il continuait son programme nucléaire.

Des experts en Corée du Sud estiment que Pyongyang arrive au bout de ses menaces sans provoquer l'effet escompté, à savoir obtenir de la communauté internationale qu'elle retourne à la table des négociations selon ses propres modalités.

Les Nord-Coréens «placent toujours plus haut la barre de la rhétorique, mais la communauté internationale ne réagit pas comme ils l'espéraient», avance Cho Han-Bum, analyste à l'Institut coréen pour l'unification nationale.

Selon lui, la prochaine réunion du Bureau politique cherchera à «maintenir la pression» via des gestes symboliques. «Je prévois une résolution qui accroîtra encore le niveau d'alarme, par exemple une alerte maximale étendue à l'ensemble du pays, au-delà de l'armée», placée mardi en alerte «prête au combat», dit-il.

Washington, par la voix d'un porte-parole du Pentagone, s'est dit de son côté «préoccupé par toute menace brandie par les Nord-Coréens» et «prêt à répondre à toute éventualité».

Un porte-parole de département d'État a quant à lui souligné qu'il existait toujours un canal de communication entre Corée du Nord et États-Unis, même si les deux pays n'ont pas de liens diplomatiques.

«Nous restons prêts à discuter de manière constructive avec la Corée du Nord, mais la Corée du Nord doit respecter ses engagements, ses obligations internationales et avoir des relations pacifiques avec ses voisins», a ajouté Patrick Ventrell.