Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le risque de contracter un cancer a augmenté au sein de la population des zones les plus contaminées, selon une étude publiée jeudi par l'OMS, mais Greenpeace a accusé l'organisation de «sous-estimer honteusement» l'impact des radiations.

Selon l'étude de l'Organisation mondiale de la santé, la première publiée par l'OMS suite à la catastrophe de mars 2011, en dehors des zones situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale, aucune hausse des risques n'a été relevée au Japon, ni dans les pays voisins .

Dès la publication de ce rapport, l'organisation Greenpeace a vivement réagi. «Le rapport de l'OMS sous-estime honteusement l'impact des premières radiations de la catastrophe de Fukushima sur les personnes présentes à l'intérieur de la zone d'évacuation d'un rayon de 20 kilomètres, et qui n'ont pas été capables de partir rapidement», a estimé le Dr Rianne Teule, expert de Greenpeace en matière de radiation nucléaire.

Selon Greenpeace, «ce rapport est à considérer comme une déclaration politique pour protéger l'industrie nucléaire et non pas comme un travail scientifique axé sur la santé des personnes».

Dans ce rapport de 166 pages, l'OMS indique que «Les risques sont faibles pour la population en général au Japon et à l'extérieur du Japon et aucune augmentation observable dans les taux de cancer n'est anticipée».

Par contre, ajoute le rapport, «les risques de cancers ont augmenté dans certaines catégories de la population de la préfecture de Fukushima et une surveillance à long terme est nécessaire».

Dans la zone la plus contaminée, proche de la centrale, les risques de cancer ont augmenté de 4 % par rapport aux taux normaux chez les femmes exposées aux radiations comme chez les enfants de moins d'un an (au moment de l'accident).

Les risques de cancer du sein ont augmenté de 6 % chez les femmes et les filles, ceux d'une leucémie de 7 % chez les hommes comme chez les nourrissons exposés. Pour le cancer de la thyroïde, la hausse est de 70 % chez les femmes et les enfants de moins d'un an. Le taux de risque de développer un cancer de la thyroïde passe ainsi de 0,75 % à 1,25 %.

Dès que l'on quitte cette zone, les risques chutent au moins de moitié.

«Le fait d'évacuer très vite la population dès l'accident a été la meilleure mesure de santé publique prise par les autorités japonaises», a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse la Dre Maria Neira, directrice du département de la santé publique et de l'environnement de l'OMS.

Ce sont les ouvriers qui ont travaillé à l'intérieur de la centrale qui sont le plus exposés. Un tiers d'entre eux risque de développer un cancer selon l'OMS. «Quelques travailleurs qui ont inhalé des quantités significatives d'iode radioactif pourraient développer des troubles non cancéreux de la thyroïde», ajoute encore l'OMS.

En 1986 après l'accident de Tchernobyl en Ukraine, il avait été relevé une augmentation notable des cancers de la thyroïde parmi les enfants.

Le rapport affirme également que les niveaux de radiations dans la préfecture de Fukushima étaient trop bas pour affecter le développement des foetus et les naissances des femmes enceintes.

Les experts restent cependant prudents, et indiquent que la compréhension des effets des radiations, en particulier à doses faibles, peut encore s'améliorer à l'avenir.

Il est possible que des investigations supplémentaires puissent changer notre compréhension des risques liés à cet accident nucléaire, affirme le rapport.

Il faut continuer à surveiller la nourriture et l'environnement, selon la Dre Neira, et effectuer un suivi médical à long terme des personnes à risque.

Suite à un séisme sous-marin de magnitude 9 en mars 2011, un énorme tsunami s'est abattu sur les côtes nord-est du Japon, détruisant de nombreuses habitations et endommageant gravement la centrale nucléaire de Fukushima.

Environ 19 000 personnes ont été tuées par la catastrophe naturelle, mais il n'y aucune statistique officielle quant aux décès directement liés aux radiations nucléaires émanant de la centrale.