La Première ministre australienne Julia Gillard s'est alarmée mercredi d'un regain de la violence et de la détresse sociale chez les aborigènes, enjoignant les États du nord de prendre des mesures de prohibition contre «les fleuves d'alcool» menaçant cette minorité autochtone.

Julia Gillard a demandé aux responsables du Territoire du Nord de ressortir une sorte de liste noire des gros buveurs instituée en 2011 et supprimée quelques mois plus tard alors qu'elle avait fait ses preuves, selon elle.

«J'ai vraiment peur que les fleuves d'alcool qui ont fait tant de dégâts parmi les communautés indigènes se soient de nouveau mis à couler», a lancé Mme Gillard au Parlement.

D'immenses progrès ont été réalisés afin de soustraire les aborigènes au régime d'exclusion sociale et de stigmatisation raciale auquel ils ont été soumis des décennies durant par la majorité blanche issue de l'émigration britannique.

La mortalité infantile a été divisée par deux par exemple, mais l'alphabétisation a récemment reculé et les violences associées à l'excès d'alcool sont reparties à la hausse, a souligné la dirigeante travailliste.

Selon des chiffres du ministère de la Justice du Territoire du Nord, les violences liées à l'abus d'alcool ont augmenté de 7% entre 2011 et 2012 dans les régions à forte population aborigène, et se situent au-dessus du chiffre record de 2010, avec 4109 faits déclarés l'an dernier.

Or ces mêmes violences avaient dramatiquement diminué après les mesures draconiennes prises en 2011.

Les aborigènes représentent environ 2% des 20 millions d'habitants d'Australie. Largement défavorisés, ils font partie des Australiens les plus pauvres et leur espérance de vie est inférieure de plus de 17 ans par rapport à leurs compatriotes.

Sur les 22 millions d'Australiens, 470 000 sont aborigènes. Ils devaient être plus de deux fois plus nombreux à l'arrivée des premiers colons en 1788.

Les taux d'emprisonnement, de chômage et de maladie grave sont bien plus élevés chez eux que chez les autres Australiens, et leur espérance de vie est inférieure à la moyenne nationale de 11,5 ans pour les hommes.