Le Parti communiste chinois (PCC) a clos mercredi son congrès en élisant un comité central qui doit consacrer dès le lendemain Xi Jinping comme numéro un du régime, ainsi que les nouveaux membres de la direction suprême.

Les leaders de la deuxième puissance mondiale seront confrontés à la lourde tâche de combattre une corruption galopante et le ralentissement de la croissance, sous l'oeil de plus en plus critique d'un demi-milliard d'internautes.

À l'issue d'une semaine de travaux réalisés dans une complète opacité, les plus de 2200 délégués ont approuvé la composition du comité central, un conclave de 205 cadres du Parti censé représenter les plus de 82 millions de membres encartés.

«Je déclare maintenant que le 18e congrès du Parti communiste chinois s'est achevé victorieusement», a lancé le président Hu Jintao dans son allocution de clôture prononcée dans l'imposant Grand palais du Peuple, sur la place Tiananmen à Pékin.

«Le congrès a remplacé des dirigeants âgés par des plus jeunes», a-t-il ajouté.

Puis, selon un rituel immuable, les délégués - simples figurants pour la plupart - se sont mis debout pour entonner l'Internationale.

Le congrès a révisé les statuts du Parti pour élever le «concept de développement scientifique» de Hu Jintao au panthéon des doctrines de ses prédécesseurs, de Marx et de Lénine.

«La nécessité de promouvoir le progrès écologique» a également été inscrite dans les statuts du Parti, alors que le pays souffre des dommages infligés par trois décennies d'industrialisation et d'urbanisation effrénées.

Ces révisions ont été approuvées à main levée et à l'unanimité, sans une voix contraire.

Une fois que le comité central, le 18e depuis la fondation du PCC en 1921, aura tenu son premier plénum, les nouveaux dirigeants chinois seront présentés à la presse et au monde jeudi vers 11 heures locales (mercredi soir vers 22 h à Montréal).

Il s'agira du Bureau politique (noyau dirigeant d'environ 25 membres) et de son Comité permanent, probablement ramené de neuf à sept personnes, le «saint des saints» du pouvoir en Chine.

Propulsé secrétaire général du PCC, Xi Jinping, 59 ans, deviendra par la suite chef de l'État en succédant en mars à Hu Jintao, de dix ans son aîné.

L'actuel chef du gouvernement Wen Jiabao doit lui, selon les observateurs, être remplacé par l'actuel vice-premier ministre Li Keqiang.

Xi Jinping, Li Keqiang et huit membres de l'ancien Bureau politique font partie du nouveau comité central et se trouvent ainsi en position de faire partie de ce «saint des saints» du pouvoir.

«Il pourrait y avoir un outsider, quelqu'un qui n'était pas au Bureau politique comme ce fut le cas en 2007 lorsque Xi Jinping est arrivé au comité permanent», a déclaré à l'AFP Qian Gang, directeur du China Media Project à l'Université de Hong Kong.

Le vice-premier ministre responsable des Finances, Wang Qishan, a été élu à la Commission de discipline du Parti, qu'il devrait présider et avoir ainsi la haute main sur la lutte anticorruption, un fléau qui risque de provoquer «l'effondrement du parti et de l'État», selon le président Hu.

D'autant plus que les incertitudes pèsent sur l'économie : la «décennie d'or» de Hu et Wen va laisser la place à une croissance ralentie à moins de 8 % en 2012, la plus basse en 13 ans. Le numéro un sortant a appelé en réaction à un «nouveau modèle de croissance», accordant plus de place à la consommation des ménages qu'aux grands travaux.

La rapide transformation de la Chine provoque aussi une agitation sociale récurrente, relayée par les microblogues, véritable opinion publique émergente en dépit de la censure.

Le régime fait face aussi à une très vive contestation chez les Tibétains, dont près de 70 se sont immolés depuis l'an passé pour dénoncer la répression de leur culture et de leur religion.

«Dépêchez-vous d'en finir, je veux retrouver Google», a écrit jeudi un internaute, alors que le fonctionnement du moteur de recherche américain est fortement perturbé depuis le début du congrès.

M. Xi accèdera au pouvoir au terme d'une «annus horribilis» pour le PC chinois, marquée par l'affaire Bo Xilai, le plus retentissant scandale de ces dernières années, et des révélations sur les fortunes colossales de sa propre famille et de celle du premier ministre Wen Jiabao.