Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé mardi le Cambodge à mettre un terme aux expropriations de masse dans le pays qui vient de prendre la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean).

«En tant que président (de l'Asean) pour 2012, le Cambodge devrait respecter ses obligations légales de promouvoir et de respecter les droits de l'Homme et les libertés fondamentales (...) et mettre un terme aux pratiques d'expulsions forcées qui sont une tâche à la réputation internationale du pays», ont-elles écrit dans une lettre ouverte au premier ministre Hun Sen.

Les cinq organisations signataires, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont également appelé à la libération, «en attendant une enquête plus approfondie», de sept personnes arrêtées début janvier lors de l'expulsion de quelque 300 familles dans la capitale.

Les habitants du quartier de Borei Keila avaient réagi à la destruction de leurs logements en jetant des pierres et des bouteilles sur la police, qui avait répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.

Les cinq groupes se sont également dits «très inquiets» du sort de 22 femmes et de 6 enfants envoyés dans un centre de réhabilitation généralement destiné aux toxicomanes et aux travailleurs du sexe, après avoir participé à une autre manifestation contre ces expulsions.

Quatre d'entre eux avaient été relâchés après un accord avec l'entreprise privée responsable de leur relogement, et les autres s'étaient échappés du centre la semaine dernière en escaladant le mur d'enceinte.

«Dans le Cambodge d'aujourd'hui, il est clair que l'un des endroits les plus dangereux pour un citoyen cambodgien ordinaire est de vivre sur un morceau de terrain que veulent un homme riche et ses proches au gouvernement», a dénoncé à l'AFP Phil Robertson, de Human Rights Watch.

Le Cambodge est régulièrement critiqué pour les expulsions forcées qui ont déplacé des milliers de personnes à travers le pays ces dernières années.

Entre 1975 et 1979, la propriété avait été abolie par le régime ultracommuniste des Khmers rouges, et de nombreux titres ont été perdus à cette période puis pendant les années de guerre civile qui ont suivi, une situation compliquant le dossier.