Des millions d'internautes chinois faisaient part mardi de leur exaspération et de leurs craintes pour leur santé après plusieurs jours d'une forte pollution qui a recouvert Pékin d'un épais nuage et entraîné l'annulation de centaines de vols.

Le sujet de la pollution était le plus abordé sur l'internet et il avait été l'objet mardi en fin d'après-midi de près de 4,5 millions de messages sur le principal service de microblogage du pays, Sina Weibo.

Un internaute, Hu Yueyue, a mis 24 heures pour se rendre de Pékin à Shenzhen (sud du pays), un voyage qui prend normalement un peu plus de trois heures de vol. «Je suis épuisé. Tout cela à cause de cet épais brouillard», a-t-il commenté sur son compte de microblogue.

L'internet est devenu le canal privilégié de nombreux Chinois pour exprimer leur colère contre le gouvernement qu'ils accusent de sacrifier souvent l'environnement sur l'autel d'un développement économique échevelé.

«Encore un jour enfumé à Pékin. J'ai mis un masque ce matin. J'ignore quelle est mon espérance de vie en respirant tout le temps cet air nocif», a écrit un autre internaute.

Faisant un lien entre la pollution et de récents faits divers ou scandales alimentaires qui ont défrayé la chronique, un cyber-citoyen nommé Gaiyong estimait: «Pas étonnant que tous les gens riches partent vivre à l'étranger pour éviter ces catastrophes».

Un autre internaute, Wuweizixie, abondait en ce sens: «La Chine devient de plus en plus un pays invivable», a-t-il écrit.

Taobao.com, géant chinois de la vente en ligne, a annoncé avoir vendu dimanche 30 000 masques filtrants, alors que la visibilité ne dépassait pas quelques centaines de mètres.

Des centaines de vols ont été annulés dimanche et lundi à Pékin, officiellement en raison du «brouillard», tandis que le niveau de pollution atmosphérique était qualifié de «dangereux» par l'ambassade des États-Unis lors de ces deux jours.

Ce stade «dangereux» est le pire niveau de l'indice mis à jour en temps réel par l'ambassade des États-Unis dans la capitale, qui calcule de façon indépendante le degré de qualité de l'air, la municipalité étant suspectée de sous-estimer la dangerosité de la pollution.

De nouvelles liaisons aériennes ont été perturbées mardi, malgré une très relative éclaircie de l'atmosphère: 89 vols intérieurs et 11 vols internationaux ont été annulés ou retardés, selon le principal aéroport de Pékin, le deuxième plus fréquenté au monde.

L'épais nuage grisâtre recouvrant la capitale chinoise a aussi entraîné lundi la fermeture d'importants axes routiers qui la relient au nord de la Chine.

En plus des nombreuses centrales thermiques à charbon, la pollution à Pékin est alimentée par les industries dans la conurbation et la circulation automobile. Un total de 240 000 voitures supplémentaires arrivent cette année dans les rues de la mégalopole, où il en circule déjà cinq millions.