Des employés et des volontaires empilaient des sacs de sables autour des édifices du centre de Bangkok, vendredi, alors que les eaux des inondations qui ont dévasté le centre de la Thaïlande descendaient vers la métropole de neuf millions d'habitants.

Le gouvernement a tenté de rassurer la population en affirmant que la capitale serait épargnée. Mais les autorités ont aussi envoyé des messages contradictoires qui ont accru l'inquiétude et poussé les résidants à se ruer dans les magasins pour faire des provisions d'eau, de nourriture et de médicaments.

Les pires inondations à toucher la Thaïlande en 50 ans ont submergé des villes entières dans les plaines centrales du pays, dévastant les récoltes de riz et forçant l'interruption des activités dans des centaines d'usines.

Quelque 8,2 millions de personnes vivant dans 61 des 77 provinces thaïlandaises ont été affectées par les inondations, qui ont fait 283 morts depuis le mois de juillet.

Les autorités ont prévenu que l'eau arrivant du nord, combinée à la pluie et aux marées hautes, pourrait inonder la capitale. Certains ont même affirmé que les inondations pourraient être si graves que le gouvernement ne pourra rien faire d'autre que de regarder la ville disparaître sous l'eau.

Le gouvernement a déclaré que la majeure partie de Bangkok était protégée par un solide système de murs, de digues et de remblais qui ont été renforcés récemment.

«J'insiste: les inondations ne concerneront que la banlieue de Bangkok et ne s'étendront pas à d'autres zones», a affirmé la première ministre Yingluck Shinawatra.

Mme Yingluck a visité une partie des défenses anti-inondations de la ville vendredi. À Rangsit, au nord de Bangkok, du personnel militaire et des centaines de volontaires empilaient des sacs de sable le long d'un canal sur le point de déborder.

Un volontaire, Troy Pannavaj, a expliqué que les autorités tentaient de pomper le plus d'eau possible dans le fleuve Chao Phraya - qui traverse la capitale et se déverse dans la mer - avant que les marées hautes et les fortes pluies du week-end ne la fassent déborder. «Si ces barrières cèdent, l'eau se déversera très vite à travers Bangkok», a-t-il estimé.

Une résidante de Bangkok, Somjai Tpientong, se demandait si les murs de sacs de sable qui protègent Rangsit et Bangkok tiendraient le coup. «Si l'eau arrive, nous devrons nous y résigner. Il n'y a aucune façon de la bloquer. Quant à moi, je déménagerai un étage plus haut», a-t-elle dit. «Je plains les gens qui vivent dans les zones à basse altitude.»

Plus au nord, dans la ville de Samkhok, dans la province de Pathum Thani, l'arrivée des eaux a provoqué la rupture d'une barrière de sacs de sable de plusieurs kilomètres de long, inondant des temples bouddhistes, des résidences et des usines.

Quand des soldats se sont déployés sur l'avenue principale du centre de la ville pour ériger une nouvelle barrière, des affrontements ont éclaté entre les soldats et des résidants en colère, qui voulaient que les autorités laissent l'eau s'écouler jusqu'à Bangkok, a affirmé un politicien de la ville, Wasan Leekmeg.

Certains résidants ont tenté d'enlever les sacs de sable qui fortifiaient le mur. La barricade a fini par être submergée et les soldats ont commencé à évacuer les résidants, selon M. Wasan.

«Le problème, c'est que l'eau continue de monter et que personne ne sait jusqu'à quel point ça va aller», a expliqué M. Wasan, qui a passé les derniers jours à apporter en canot des articles de première nécessité aux commerces et aux résidences inondés.

Des informations erronées diffusées jeudi affirmaient qu'une importante digue contre les inondations avait cédé dans la province de Pathum Thani, ce qui a poussé un ministre à ordonner l'évacuation des résidants. Le gouvernement s'est ensuite excusé pour la confusion, affirmant que l'ordre d'évacuation avait été annulé parce que les dommages à la digue avaient été surévalués.

Ces informations contradictoires ont semé la confusion chez de nombreux résidants de Bangkok. Plusieurs ont pensé que leur quartier était à risque et ont fait des provisions d'eau, de riz, de nouilles et d'autres articles essentiels, ce qui a provoqué des pénuries. D'autres ont déplacé leur véhicule plus en hauteur dans les stationnements à étages des centres commerciaux.

La première ministre a affirmé que le gouvernement changerait sa façon d'informer les citoyens. Désormais, l'information officielle sera diffusée exclusivement par le Centre de secours aux victimes des inondations, a indiqué Mme Yingluck.