Un kamikaze s'est fait exploser dimanche devant une église protestante d'Indonésie, parmi des centaines de fidèles qui sortaient de la messe, ne faisant cependant qu'une victime, lui-même.

L'attentat-suicide, survenu à 10h55 heure locale (03h55 GMT), relance les craintes de tensions religieuses dans cet immense archipel, premier pays musulman de la planète avec 240 millions d'habitants.

Le kamikaze a déclenché sa bombe à l'entrée principale de l'église protestante Bethel Injil de Solo, ville située au centre de l'île de Java, a précisé à l'AFP le porte-parole de la police locale, Djihartono, qui comme beaucoup d'Indonésiens n'utilise qu'un seul nom.

Seul le kamikaze a été tué, a indiqué la police, contredisant de premières indications qui avaient évoqué un autre mort. Près de trente personnes ont par ailleurs été blessées, a-t-on précisé de même source.

L'auteur de l'attentat a réussi à rentrer dans l'église, portant sur lui une ceinture d'explosifs, et a attendu la fin de la messe pour se lever et déclencher sa bombe, tandis que les fidèles sortaient de l'édifice, a expliqué la police.

Un correspondant de l'AFP a vu devant l'église un corps ensanglanté que la police locale dit être celui de l'auteur de l'attentat. Allongé devant l'entrée principale du lieu de culte, l'homme a perdu la main gauche dans la déflagration, mais le reste du corps semble peu touché, à l'exception de  l'abdomen, laissant à penser que l'engin explosif était peu puissant.

Cela pourrait expliquer le nombre relativement peu élevé de victimes, alors que le kamikaze s'est fait exploser au beau milieu de centaines de fidèles sortant de la messe dominicale.

«Ce poseur de bombe était membre du réseau terroriste basé à Ciberon que nous avons évoqué il y a quelques mois», a déclaré le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, faisant allusion à une ville située à environ 300 km à l'ouest de Jakarta où un attentat similaire avait eu lieu en avril.

«J'ai demandé une enquête pour en découvrir plus sur ce groupe, sur qui le finance et qui le commande», a-t-il ajouté dans une déclaration télévisée.

«Un dimanche paisible s'est transformé en scènes de chaos», a raconté à l'AFP Kristanto, un des fidèles. «Tout le monde criait et était hystérique», a ajouté l'homme de 53 ans.

Un médecin d'un hôpital de Solo a raconté que les blessés portaient des traces de clous et de boulons.

Cet acte fait ressurgir les craintes sur la présence de mouvements islamistes encore capables de frapper. Les autorités assurent avoir décapité le groupe islamiste Jemaah Islamiyah (JI), réputé proche du réseau Al-Qaïda, mais les experts ont à plusieurs reprises averti que des groupuscules pourraient encore être actifs.

La ville de Solo a longtemps compté parmi ses habitants Abou Bakar Bachir, imam considéré comme le porte-voix de la mouvance radicale et condamné en juin dernier à 15 ans de prison.

L'attentat-suicide fait également craindre la résurgence de violences interconfessionnelles entre les musulmans (près de 90% de la population) et les chrétiens (moins de 10%).

La Constitution indonésienne stipule que l'islam n'est pas une religion d'État et reconnaît la liberté de culte, mais le pays est régulièrement secoué par des conflits religieux.

Mi-septembre, des centaines de paramilitaires ont dû être dépêchés à Ambon, aux Moluques (nord-est), après des émeutes entre musulmans et chrétiens qui ont fait trois morts. Cinq mille personnes avaient été tuées dans cette région lors de violences religieuses entre 1999 et 2002.