La Russie a déroulé le tapis rouge dimanche pour accueillir le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il dans la région de l'Amour, en Extrême-Orient russe, où il a visité une usine hydraulique avant sa rencontre dans les prochains jours avec le président Dmitri Medvedev.

Après un long voyage, M. Kim a entamé samedi sa visite en Russie, enveloppée de mystère et rare occasion pour le leader nord-coréen de sortir de son pays, fermé au reste du monde et en conflit avec la Corée du Sud.

Le train blindé du dirigeant, qui n'aime pas voyager en avion pour des raisons de sécurité, est arrivé dans la matinée de dimanche à la petite gare de Boureïa, où des jeunes femmes russes revêtues de l'habit traditionnel lui ont offert du pain et du sel, selon la tradition russe.

Le visage sérieux et visiblement fatigué, le dirigeant de 69 ans, qui arborait ses habituelles lunettes de soleil et un vêtement de type militaire, a été aidé pour sortir du train, a constaté un correspondant de l'AFP.

Après la courte cérémonie de bienvenue, M. Kim s'est rendu jusqu'à la station d'énergie hydraulique, témoignant sur place d'un très grand intérêt pour la technologie développée dans l'usine, d'après les responsables présents.

Un spectaculaire spectacle consistant à libérer d'impressionnantes quantités d'eau a été organisé à cette station --la plus grande en Extrême-Orient russe-- à l'occasion de la venue de M. Kim, a indiqué un responsable local.

Le dirigeant nord-coréen a observé le spectacle sous une tente blanche placée à une distance de sécurité, à côté d'une table où étaient entreposés des amuse-bouches, des tourtes et une pastèque, selon la même source.

Un petit film sur la centrale, traduit en coréen, a également été diffusé.

La visite de M. Kim est entourée de mystère et a requis des mesures de sécurité sans précédent.

Plus tôt dimanche, lors d'un arrêt à la gare de Khassan, Kim Jong-Il n'est pas descendu du train alors qu'une cérémonie de bienvenue avait été organisée, préférant laisser monter à bord quelques officiers russes pour le saluer, a raconté à l'AFP Alexander Naryjny, chef du district de Khassan.

Des responsables militaires russes ont demandé aux habitants des immeubles avoisinant la gare de se tenir loin des fenêtres et leur ont interdit de prendre les photos.

Pendant que M. Kim était à la centrale hydraulique, des personnes de son entourage nettoyaient son train blindé en gare de Boureïa, une petite ville qui est aussi le nom d'une rivière du sud-est de la Sibérie.

Après la visite, le leader nord-coréen a poursuivi son voyage sur le célèbre Transsibérien, voie ferrée qui relie Moscou à Vladivostok sur plus de 9000 km.

Le Kremlin a confirmé samedi qu'une rencontre entre le président Medvedev et Kim Jong Il était prévue et, d'après certaines sources, elle devrait avoir lieu à Oulan-Oudé, près du lac Baikal en Sibérie, à 5.550 km à l'est de Moscou.

Le fils du dirigeant, Kim Jong-Un, son plus jeune fils et héritier, ne semble pas être du voyage, selon la liste de la délégation fournie dimanche aux médias.

M. Kim ne s'est pas rendu en Russie depuis 2002, lorsqu'il avait rencontré Vladimir Poutine, alors président, aujourd'hui premier ministre, à Vladivostok, région frontalière de la Corée du Nord.

Confrontée à des inondations dévastatrices et à une pénurie de denrées alimentaires, la Corée du Nord tente d'obtenir des aides économiques de ses alliés.

En outre, la Russie fait partie du groupe des Six --avec les deux Corées, les États-Unis, le Japon et la Chine-- chargé de pourparlers sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, au point mort depuis décembre 2008.