Cédant apparemment à la pression populaire, les autorités chinoises ont annoncé mardi qu'une équipe de spécialistes se rendra au chevet d'une fillette de deux ans dont la jambe a été écrasée lors d'un accident de train à haute vitesse qui a fait au moins 40 morts le mois dernier.

La petite Xiang Weiyi, surnommée «Yiyi» par les médias chinois, a été tirée des décombres le 23 juillet, après une attente de 21 heures et après que les secouristes aient annoncé qu'il n'y avait plus de survivants. Ses parents comptent au nombre des victimes.

Elle est devenue un symbole non seulement des victimes de cet accident, mais aussi de l'indifférence apparente des autorités du chemin de fer face à cette tragédie. Certains reprochent aux secouristes d'avoir bâclé leurs opérations pour rétablir le service ferroviaire le plus rapidement possible.

Autre réaction à la grogne populaire, le porte-parole du ministère des Chemins de fer Wang Yongping a été remercié de son poste, selon ce qu'a annoncé mardi l'agence officielle Chine nouvelle.

M. Wang était la cible de nombreuses attaques et moqueries depuis une conférence de presse pendant laquelle il avait qualifié le sauvetage de Yiyi de «miracle». Il avait aussi été incapable d'expliquer clairement à des journalistes pourquoi un des wagons impliqués dans l'accident avait été enterré aussi rapidement.

Le ministère chinois de la Santé a annoncé sur son site Internet, mardi, que quatre experts se rendront dans la ville de Wenzhou pour traiter Yiyi. La presse officielle rapporte que l'enfant a déjà subi cinq interventions chirurgicales pour retirer des muscles morts de sa jambe et soigner ses plaies.

Le gouvernement chinois a pris cette décision après que l'oncle de la petite victime, Xiang Yuyu, ait mis en ligne une lettre ouverte sur son blogue dimanche, dans laquelle il réclamait l'aide du ministère des Chemins de fer.

«Elle a déjà traversé une dure épreuve en étant abandonnée seule, pendant un long moment, dans ce wagon sombre. Nous ne pouvons pas la laisser traîner une jambe blessée qu'elle n'aurait jamais dû avoir, a écrit M. Xiang. Un jour, quand Yiyi sera capable d'exprimer clairement ses pensées et qu'elle se tiendra devant nous, pourrons-nous vraiment affirmer y être allé de notre meilleur effort?»

Sa lettre a été reprise en plusieurs endroits sur le Web. Un éditorial publié sur le portail Southcn.com affirme de son côté que «De voir ou non Yiyi retrouver l'utilisation de ses jambes est un test de l'esprit humanitaire du ministère des Chemins de fer». Ce même texte a été mis en ligne sur le site du quotidien officiel du Parti communiste chinois.

Les autorités chinoises attribuent l'accident à une panne de signalisation causée par la foudre.