Les talibans pakistanais ont rejeté dimanche toute responsabilité dans le double attentat qui a ravagé la veille un quartier commerçant de Peshawar et tué 39 personnes, un bilan qui fait de cette attaque une des plus meurtrières de ces derniers mois.

Cet attentat, quelques semaines après le raid américain qui a tué Oussama Ben Laden au Pakistan le 2 mai, s'est produit samedi vers 23H30 locales (14H30, heure de Montréal) dans le quartier du marché Khyber, qui comprend un hôtel, des échoppes et des résidences étudiantes.

Les talibans, qui ont promis de venger la mort de Ben Laden, ont nié être à l'origine de ces explosions, indiquant qu'ils ne visaient que le gouvernement et l'armée. «Nous ne sommes pas à l'origine de l'attentat de Peshawar. Les agences des services secrets étrangères essayent de nous salir», a déclaré à l'AFP Ehsanullah Ehsan, porte-parole des talibans du Pakistan, au téléphone.

«Nous ne ciblons pas des gens innocents. Notre but est très clair, nous attaquons les forces de sécurité, le gouvernement et les gens qui le soutiennent», a-t-il ajouté.

Près de 4500 personnes ont été tuées au Pakistan dans des attentats attribués aux talibans et à d'autres réseaux islamistes extrémistes depuis le raid lancé par les troupes gouvernementales contre une mosquée de tendance radicale à Islamabad en 2007.

Samedi, les deux bombes ont explosé à quatre minutes d'intervalle, la deuxième bien plus puissante que la première.

«Le bilan est monté à 39 morts, car quatre personnes blessées sont mortes à l'hôpital», a indiqué à l'AFP un responsable de la police Ijaz Khan.

La première explosion s'est produite dans la salle de bain d'un hôtel. Les passants se sont rassemblés près du lieu de la détonation et c'est alors que la seconde bombe, qui était bien plus puissante, a explosé, a-t-il ajouté.

Cette dernière a été déclenchée par un motocycliste mort dans l'attentat, près de l'hôtel, a indiqué à l'AFP Shafqat Malik, un autre responsable de la police.

«J'ai couru vers l'hôtel après la première explosion et c'est alors que j'ai vu une grosse boule de feu et entendu une autre explosion», a raconté Muhammad Hashim, cameraman pour une chaîne de télévision locale, blessé à la tête et la poitrine.

Parmi les morts figurent deux journalistes travaillant pour les quotidiens en langue anglaise Pakistan Today et The News.

108 personnes ont été blessées, a précisé Abdul Hameed Afridi, médecin-chef à l'hôpital Lady Readings de Peshawar.

Six commerces et un hôtel ont été endommagés dans les explosions. Des morceaux de chair humaine, ainsi que quantité de débris, jonchaient le sol devant le lieu des explosions.

Cet attentat a eu lieu quelques heures après la visite du président afghan Hamid Karzaï qui a appelé Islamabad à éradiquer les sanctuaires des insurgés dans les zones tribales, au cours de discussions au sein de la commission conjointe de paix.

Kaboul estime que les principaux chefs talibans, dont le commandant suprême, le mollah Mohammad Omar, ainsi que les chefs du réseau Haqqani, bête noire des soldats américains, se cachent au Pakistan, d'où ils lancent leurs hommes dans des raids en Afghanistan.

Le gouvernement afghan accuse aussi publiquement une frange de l'armée et du renseignement pakistanais de les soutenir.

L'attentat de Peshawar intervient aussi quelques jours après la mort, toujours non confirmée, du Pakistanais Ilyas Kashmiri, l'un des chefs militaires d'Al-Qaïda les plus redoutés, lors d'une frappe américaine au Pakistan.