Greenpeace a demandé jeudi au Japon d'évacuer les enfants et les femmes enceintes d'une ville située à une soixantaine de kilomètres de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima (nord-est) en raison du niveau élevé de radioactivité.

L'organisation écologiste et antinucléaire a reconnu que ses propres relevés effectués dans la ville de Fukushima, capitale de la préfecture du même nom, correspondaient en gros à ceux des autorités nippones, mais a souligné qu'elle en tirait des conclusions radicalement différentes sur les risques pour la santé des enfants.

Elle a exigé que le gouvernement japonais «fournisse un soutien financier et logistique pour évacuer rapidement les femmes enceintes et les enfants vivant dans les zones hautement radioactives et procède à un nettoyage complet des endroits contaminés».

Depuis le séisme et le tsunami du 11 mars qui ont provoqué l'accident de la centrale Fukushima Daiichi (N°1), le Japon a relevé la limite légale d'exposition aux radiations, y compris pour les enfants, de 1 à 20 millisieverts par an -soit la norme de sûreté retenue dans beaucoup de pays pour les travailleurs de l'industrie nucléaire.

«C'est totalement inacceptable», a protesté Jan Beranek, responsable de la campagne nucléaire du groupe, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

«Après l'accident de Tchernobyl, le gouvernement soviétique avait décidé d'évacuer toute personne vivant dans une zone où la dose annuelle pouvait dépasser cinq millisieverts», a-t-il dit.

«Il est donc totalement inadmissible et injustifiable de la part du gouvernement japonais de prétendre que 20 millisieverts ne présentent pas de danger.»

M. Beranek a ajouté que la zone d'évacuation de 20 kilomètres de rayon imposée autour de la centrale était insuffisante et ne prenait pas en compte la configuration irrégulière de la radioactivité dans les environs.

Dans la ville de Fukushima, la population est actuellement exposée à une dose de 10 à 20 millisieverts par an, uniquement dans l'atmosphère, sans tenir compte des particules radioactives inhalées ou ingérées par la poussière, l'eau ou la nourriture, a-t-il insisté.

Les tests débutent à l'usine de décontamination des eaux

Les tests ont commencé dans l'usine de décontamination des eaux radioactives construite sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon) en vue de permettre aux ouvriers d'intervenir à l'intérieur des bâtiments endommagés, a-t-on appris jeudi.

«Les essais sur les installations ont débuté cette semaine et la date de la mise en exploitation est prévue le 15 juin», a déclaré Maxime Michaut, un des représentants du groupe nucléaire français Areva au Japon.

Areva est l'un des prestataires, avec notamment la société américaine Kurion, chargés du traitement des effluents hautement radioactifs accumulés dans les bâtiments des réacteurs et des turbines de Fukushima Daiichi (N°1) depuis le séisme et le tsunami du 11 mars.

Une vague de 14 mètres de haut a interrompu l'alimentation électrique et les circuits d'eau de refroidissement, provoquant une surchauffe puis une fusion partielle du combustible nucléaire.

L'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), a réussi à stopper le processus en déversant jour et nuit des tonnes d'eau de mer, puis d'eau douce, sur les installations, afin de faire baisser la température.

Aujourd'hui encore, Tepco est contraint d'injecter environ 500 tonnes d'eau chaque jour, en attendant de pouvoir réactiver des circuits de refroidissement.

Quelque 100 000 tonnes d'eau se sont accumulées dans les bâtiments, empêchant les ouvriers d'y pénétrer pour procéder aux réparations nécessaires.

Afin de rompre ce cercle vicieux, Tepco a fait appel à Areva et à d'autres prestataires pour mettre au point une usine de décontamination de 40 mètres de long, 15 mètres de large et 20 mètres de haut, construite en un temps record.

«Il s'agit d'une installation industrielle majeure, capable de traiter 50 tonnes d'effluents par heure, soit 1200 tonnes par jour», a précisé M. Michaut.

«On obtient alors une eau devenue faiblement radioactive puisqu'on a divisé la radioactivité par un facteur de 1000 à 10 000 fois», a-t-il souligné.

Tepco pourra ensuite réutiliser ce liquide dans les circuits de refroidissement.

«C'est une étape très importante. Le traitement de l'eau serait le début d'un retour à une normalisation.»