Au moins 20 «insurgés islamistes» ont été tués mercredi par les missiles de drones américains dans le nord-ouest du Pakistan, où ces avions de la CIA visent régulièrement Al-Qaïda et les talibans, selon un nouveau bilan des responsables de la sécurité.

Il s'agit de la quatrième attaque avec des avions sans pilote en cinq jours, l'une d'elle, vendredi, ayant probablement tué le Pakistanais Ilyas Kashmiri, l'un des principaux chefs militaires d'Al-Qaïda, même si ni les États-Unis, ni l'armée pakistanaise ne confirment sa mort, en l'absence de cadavre identifié.

«Des drones américains ont tiré cinq missiles sur un camp d'entraînement d'insurgés», dans le village de Zoynaraï, dans le district tribal du Waziristan du Nord, bastion des talibans et d'Al-Qaïda, a indiqué par téléphone à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité, sous couvert d'anonymat.

«Le bilan est de 20 morts. Il devrait encore augmenter», a-t-il ajouté, précisant que des combattants étrangers semblaient figurer parmi les victimes.

D'autres responsables à Miranshah ont confirmé l'attaque et le bilan.

Lundi déjà, à quelques heures d'intervalle, au moins 18 insurgés islamistes avaient péri sous les missiles de trois drones américains dans le district voisin du Waziristan du Sud.

Les drones -des avions sans pilote- de la CIA attaquent quasi quotidiennement dans ces zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire dans le monde d'Al-Qaïda et base arrière des talibans afghans.

Ces frappes ne se sont pas taries depuis qu'un commando américain héliporté clandestinement a tué Oussama ben Laden dans le nord du Pakistan le 2 mai dernier.

Lancée en 2004, la campagne de tirs de missiles des drones dans le nord-ouest du Pakistan s'est considérablement accélérée depuis fin 2008.

Les talibans pakistanais ont fait allégeance à Al-Qaïda en 2007 et lancé, la même année et au diapason de ben Laden en personne, leur djihad contre Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington depuis fin 2001.

Les États-Unis considèrent ces zones comme «l'endroit le plus dangereux du monde», où Al-Qaïda et ses alliés préparent des attentats dans les pays occidentaux et y entraînent leurs kamikazes. Du 11 septembre 2001 à New York et Washington, à Times Square à New York en 2010, en passant par Madrid (2004) et Londres (2005), les attentats ou tentatives ont tous trouvé leurs origines dans ces camps d'entraînement du Nord-ouest pakistanais.

Les services de renseignements occidentaux sont convaincus que les projets d'attentats mis au jour en octobre dernier, notamment en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, ont été préparés sous la houlette d'Ilyas Kashmiri dans les zones tribales.

Mais les talibans et leurs alliés sont aussi les principaux responsables d'une vague de près de 500 attentats qui ont tué plus de 4400 personnes dans tout le Pakistan ces quatre dernières années.

Si la mort de Mohammad Ilyas Kashmiri, 47 ans, est confirmée, il s'agirait du principal revers infligé à Al-Qaïda depuis l'assassinat de ben Laden.

Les experts occidentaux de la lutte antiterroriste sont unanimes pour dire que Kashmiri, chef du groupe armé pakistanais interdit Harakat-ul-Jihad al-Islam (HuJI), est l'un des principaux commandants opérationnels d'Al-Qaïda, chargé notamment de la coordination des attaques au Pakistan et à l'étranger.