Les autorités chinoises ont renforcé la sécurité au nord de la Chine, théâtre cette semaine de manifestations sans précédent d'habitants de l'ethnie mongole, tandis que de nouveaux rassemblements se préparent, selon des habitants et un groupe de défense des droits de l'homme.

Les manifestations de Mongols mettant en cause les autorités ont démarré lundi dernier dans plusieurs endroits de la région, pour protester contre la mort le 10 mai d'un berger, renversé par un véhicule conduit par un Han, l'ethnie dominante en Chine.

Les faits se sont produits au moment où ce berger, nommé Mergen, et d'autres éleveurs tentaient de bloquer un convoi de poids lourds transportant du charbon dans la région de Xilingol, où l'activité minière chasse de leurs terres les bergers mongols, détruisant les pâturages, selon un communiqué d'une ONG basée aux États-Unis.

Selon cette ONG, le Centre d'information sur les droits de l'Homme en Mongolie du Sud, qui dispose de nombreux contacts sur place, «une manifestation régionale» est prévue pour lundi. Elle appelle pour sa part à des rassemblements devant les ambassades chinoises dans le monde.

Vendredi, 300 policiers anti-émeute ont affronté des centaines de manifestants, étudiants et bergers, dans la bannière de Shuluun Huh (Zhenglanqi en chinois). Une bannière est l'équivalent dans la Région autonome de Mongolie intérieure d'un district dans une province chinoise.

Les habitants de la région rapportaient dimanche une forte présence policière.

«Il y a encore beaucoup de policiers qui patrouillent près du bâtiment gouvernemental», a déclaré par téléphone à l'AFP un habitant de Xiwuqi. Il n'y a pas eu de nouvelle manifestation ce week-end, a-t-il ajouté.

À Hohhot, toutes les rues menant à la place principale sont bouclées depuis dimanche matin, a indiqué l'employé d'un hôtel de la ville. «C'est parce que la police veut empêcher les étudiants de se rassembler sur la place et de protester», a-t-il déclaré.

Les autorités chinoises semblaient dimanche avoir brouillé les communications sur internet dans plusieurs endroits de la région.

Selon un employé d'une agence de l'opérateur China Unicom, les gens à Hohhot peuvent utiliser leur téléphone portable pour envoyer des messages ou passer des coups de fil, mais pas pour aller sur internet.

Des blogueurs et des internautes de la ville de Tongliao, où l'université a été fermée, ont été convoqués par la police, a indiqué l'ONG basée aux États-Unis.

Le chef du Parti communiste de la région chinoise de Mongolie intérieure s'est rendu dans une école vendredi, pour tenter apparemment de calmer les tensions.

Lors de cette visite, Hu Chunhua a déclaré que des personnes soupçonnées d'être à l'origine des troubles avaient été arrêtées, faisant allusion aux hommes responsables de la mort du berger Mergen, selon le quotidien Hulunbei'er.

La Chine compte environ six millions de Mongols, soit deux fois plus que la population de la Mongolie, et certains se plaignent de la répression politique et culturelle qu'ils subissent de la part des autorités chinoises. Ils partagent la même langue et la même culture que leurs voisins du nord, en Mongolie.

Hada, le dissident le plus connu de l'ethnie mongole en Chine a fini le 10 décembre 2010 de purger une peine de 15 ans de détention. On ne l'a plus vu depuis cette date.