Les autorités thaïlandaises ont reconnu mardi une escalade de la violence dans l'extrême sud du pays, en proie depuis sept ans à une rébellion séparatiste musulmane, après une nouvelle série d'attaques particulièrement meurtrières ces dernières semaines.

«J'admets que les troubles violents augmentent mais nos responsables sont déterminés à faire le maximum», a indiqué à la presse Tawin Pleansri, secrétaire général du Conseil de sécurité nationale, que dirige le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva.

«Il est difficile de contrôler une zone aussi vaste. Les incidents sont moins nombreux mais plus sérieux».

L'insurrection, qui touche principalement trois provinces, a fait plus de 4 400 morts depuis janvier 2004 dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du 20e siècle et où des groupes rebelles luttent contre la domination de Bangkok.

«De nombreux incidents sont liés aux opérations du gouvernement», a affirmé Abhisit après un conseil des ministres, en évoquant en particulier l'attaque samedi dans laquelle un moine bouddhiste a été tué et deux autres blessés dans la province de Pattani.

Les insurgés «essayent d'inciter les populations locales au conflit», a-t-il ajouté.

La population de la région est très majoritairement d'ethnie malaise et de confession musulmane, contrairement au reste de la Thaïlande, essentiellement bouddhiste.

Outre les forces de sécurité et des civils de confession bouddhiste, les rebelles séparatistes visent également des musulmans qu'ils accusent de collaborer avec Bangkok.

La région a été la cible de plusieurs attentats ces dernières semaines, dont un qui a fait neuf morts en janvier et plusieurs depuis qui ont fait à chaque fois une quinzaine de blessés.

Quelque 60 000 membres des forces de l'ordre ont été déployés. Mais les adversaires du pouvoir l'accusent de ne répondre à aucune des revendications de la minorité malaise et de ne pas sanctionner les violences des forces de l'ordre.

«Ce problème ne peut se résoudre en quelques mois», s'est défendu mardi Suthep Thaugsuban, vice-Premier ministre en charge de la sécurité nationale.

Après l'attaque contre les moines, le Conseil suprême du Sangha (le clergé bouddhiste) de la province a suspendu pour un mois l'aumône du matin, au cours de laquelle les religieux reçoivent les dons des fidèles.

Le Bureau national du bouddhisme a annoncé un don de 1,5 million de bahts (environ 44 000$) pour subvenir à leurs besoins.