La grande majorité des rares véhicules qui circulent dans les rues de Pyongyang sont des camions militaires: en Corée du Nord, l'armée est aux premières loges, selon la volonté du dirigeant Kim Jong-Il dont le régime entretient un climat de paranoïa dans la population.

Et c'est en annonçant officiellement l'accession du plus jeune fils de Kim Jong-Il au rang de général quatre étoiles que Pyongyang a confirmé, selon les analystes, le rôle d'héritier présumé du jeune homme de 27 ans, Kim Jong-Un.

Une guide du musée de la Guerre de Corée, à Pyongyang, déclame que le pays, fort de trois essais de tirs de missiles intercontinentaux et de deux essais nucléaires, a rang de puissance.

«Vous savez, notre pays est devenu une puissance nucléaire», indique aux visiteurs le lieutenant Ri. «Nous n'avons pas besoin de l'aide des autres pays. Depuis que nous sommes une puissance nucléaire, nous pouvons nous défendre par nous-même», ajoute-t-elle.

«Aujourd'hui, nous sommes très forts», déclare une autre guide qui fait visiter le navire espion américain USS Pueblo, capturé par la Corée du Nord en 1968.

Des voitures de style Jeep et des camions militaires parcourent les routes de cette nation dont l'économie est en ruines, mais qui consacre jusqu'à un quart de ses richesses aux dépenses militaires, selon le département d'État américain.

Forte de 1,2 million de soldats, l'armée nord-coréenne est l'une des cinq plus importantes au monde.

Le système de santé est lui aussi en ruines et les hôpitaux quasiment incapables de fonctionner, selon un rapport d'Amnesty International publié en 2010, mais le visiteur aperçoit occasionnellement des ambulances militaires.

Des soldats armés gardent les bâtiments gouvernementaux mais la plupart des militaires n'ont pas d'armes et sont surtout occupés à des travaux manuels, comme ce groupe de soldats travaillant dans un parc.

Les forces armées doivent participer «à la défense nationale et à la construction socialiste», souligne un livret qui explique la doctrine «Songun» («l'armée d'abord») promue par Kim Jong-Il.

À l'aéroport de Pyongyang, des panneaux montrent des soldats construisant une centrale électrique et aidant avec enthousiasme des paysans dans une ferme coopérative.

Le service militaire est «très populaire», affirme un guide, reconnaissant ensuite qu'il est obligatoire. Un accompagnateur -toujours aux côtés des visiteurs lorsqu'ils quittent leur hôtel- dément que la conscription existe. «Cela dépend du choix de chacun», assure-t-il.

Prendre une photo de soldats, y compris devant les monuments, est strictement interdit. «Photo!», crie un Nord-Coréen lorsqu'un touriste sort son appareil et vise un soldat devant le mausolée dédié au «président éternel», Kim Il-Sung, fondateur de la République de Corée du Nord et père de l'actuel dirigeant.

Un guide regarde l'appareil et vérifie qu'aucune photo n'a été prise.

Dans le stade de la ville, de nombreux soldats regardent quelque 100 000 participants recréer, avec une précision militaire, l'histoire de leur pays.

Kim Il-Sung s'est battu contre l'occupation japonaise, avant de créer la République populaire démocratique de Corée du Nord en 1948, puis d'envahir le sud, deux ans plus tard.

Cette guerre a duré trois ans, face à un sud soutenu par les Nations Unies et les États-Unis. À la fin de le guerre, la péninsule était toujours divisée en deux et l'est restée depuis.