Les autorités aux Philippines ont suspendu mercredi quatre officiers de police qui ont mené l'assaut pour mettre fin à la prise d'otages de lundi à Manille au cours de laquelle huit touristes ont été tués.

La veille, la police avait admis avoir commis des erreurs «évidentes» lors de l'opération chaotique qui avait été retransmise en direct à la télévision.

Les quatre officiers suspendus étaient à la tête d'un groupe spécial de 200 policiers d'une unité d'élite qui a donné l'assaut lundi soir à un autocar dans lequel une quinzaine de personnes étaient retenues en otages depuis la matinée par un ancien gradé de la police philippine. Ce dernier a été abattu.

«En attendant les résultats de l'enquête, (les quatre officiers) ont été relevés de leurs fonctions», a déclaré à la presse Agrimero Cruz, porte-parole de la police nationale philippine.

Il a expliqué que ces hommes avaient été suspendus pour éviter «qu'ils n'exercent une influence excessive» sur l'enquête policière.

Les 200 policiers de l'unité d'intervention ont par ailleurs reçu l'ordre de remettre leurs armes pour des analyses balistiques, a-t-il ajouté.

La gestion de la prise d'otages par les autorités et l'assaut de l'autocar par les forces de sécurité ont suscité une avalanche de critiques, y compris à Hong Kong.

Après de longues négociations avec le preneur d'otages, les policiers étaient intervenus mais avaient mis plus d'une heure avant de pénétrer dans l'autocar après avoir tenté de briser des vitres et d'enfoncer une porte à coups de masse.

Du gaz lacrymogène avait finalement été jeté dans le véhicule et un tireur d'élite avait tué le forcené d'une balle dans la tête. Huit touristes hongkongais avaient été tués et un autre grièvement blessé. Quatre occupants étaient sortis vivants.

La tragédie avait été retransmise en direct par de nombreuses chaînes de télévision aux Philippines et à travers le monde. Le preneur d'otages avait pu s'exprimer à la radio et suivre les événements sur des écrans TV dans l'autocar, ce qui lui a donné des indications sur l'intervention policière.

«De toute évidence, nous devons nous améliorer», avait déclaré mardi le président philippin Benigno Aquino.

La police philippine, qui compte 135 000 membres, a été dans le passé au centre de nombreuses controverses à la suite d'accusations de corruption, de meurtre et de torture.

«Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la police nationale», souvent jugée inefficace, a dit mercredi à l'AFP Harry Roque, avocat et défenseur des droits de l'Homme.

Selon lui, la police est «davantage perçue comme une source de revenus pour les policiers plutôt que comme une institution chargée de protéger la loi et l'ordre».