L'ancien chef de l'armée du Sri Lanka et candidat d'opposition battu à la présidentielle, Sarath Fonseka, a été jugé coupable par une cour martiale pour s'être immiscé en politique avant d'avoir quitté l'armée, a-t-on appris vendredi de source officielle.

«Le verdict vient d'être lu au général Fonseka devant la cour martiale», a déclaré une source militaire à l'AFP. «Le président, en tant que commandant en chef, doit maintenant confirmer la décision», a-t-elle ajouté.

«La cour a déclaré qu'il devrait être dégradé. Il sera donc déchu de son rang et de toutes ses décorations qu'il a gagnées pendant ses 40 ans de carrière», a précisé cette source.

Sarath Fonseka avait démissionné de l'armée avant de se présenter à l'élection présidentielle en janvier face au président sortant Mahinda Rajapakse.

Largement battu, il avait ensuite été arrêté sur des soupçons de coup d'État et il est depuis détenu dans les quartiers généraux de la marine à Colombo.

Son procès en cour martiale s'était ouvert il y a cinq mois.

Il est aussi traduit séparément devant la cour martiale pour corruption dans une passation de marché.

Fonseka, 59 ans, fut l'un des principaux artisans de la victoire militaire proclamée en mai 2009 contre la rébellion séparatiste tamoule, qui a mis fin à trois décennies d'un sanglant conflit.

En dépit de sa détention depuis février, il a réussi à obtenir un siège au parlement après les élections législatives en avril.

Il avait été brièvement relâché lors de l'ouverture de la nouvelle assemblée parlementaire le 22 avril et avait déclaré vouloir se servir de son siège au parlement pour prôner la liberté et la démocratie dans l'île.

Son arrestation et sa détention avaient provoqué de violentes manifestations contre le gouvernement.

Son parti, l'Alliance nationale démocratique (DNA) a rejeté la condamnation.

«Il ne peut pas être poursuivi par une cour martiale après avoir démissionné de l'armée», a déclaré un porte-parole du parti, Anura Kumara Dissanayake.

«Les avocats du général Fonseka n'étaient pas présents lors du verdict de la cour martiale et certains témoins ont été appelés quand les avocats de la défense n'étaient pas présents. Ce n'est pas la justice», a-t-il ajouté.

Sarath Fonseka est le premier chef de l'armée du Sri Lanka à passer en cour martiale. Même après la tentative de coup d'État contre le gouvernement en 1962, les onze suspects avaient été jugés par un tribunal civil.